Soyons bibliophilosophes!

Journaux, stylo, bibliothèque, auteur, roman, librairie, éditeur, écriture… voici les mots-clés de ce numéro de rentrée. Des mots qui sonnent comme un engagement à ne pas se laisser oublier, des mots résistants qui s’accrochent à l’idée que la culture de l’écrit et du papier ne compte pas ses jours. La rentrée 2015 a des airs de contre-courant pour ne pas dire de contre-culture. On nous prédisait la fin des livres, on nous annonçait les abîmes de la presse… Les turbulences font en effet tanguer le navire, mais après la tempête viendra le beau temps. Nous voulons y croire. Non pas comme une utopie, mais comme un rendez-vous à ne pas manquer. Les jours de rentrée sont toujours porteurs de renaissance, comme la page blanche qui aimante les idées et les mots. Preuve en est, à l’heure où les livres semblent disparaître de notre paysage, le duo Assouline pose les bases du livre-plaisir autour d’une collection de meubles érudits. Cette lecture “tout confort” trouve un écho, puisque Le Bon Marché lui octroie une place de choix dans sa sélection maison. Au même moment, le marchand d’art et galeriste Yvon Lambert choisit lui aussi de se consacrer aux livres rares et à sa librairie, le lapidaire et sculpteur Hervé Obligi crée des stylos en pierres précieuses, et Ali Akbar vend toujours la presse à Saint-Germain-desPrés réinventant les Unes depuis quarante ans… L’écrit sort de l’isolement, reprend du galon. La bibliothèque devientrait-elle un meuble à ralentir le temps ? Cette architecture à réflexions nous invite à la lecture autant qu’à un moment avec nous-même. Fil rouge d’un certain hédonisme, l’écrit n’est pas révolu, il est revenu.