Vivre Côté Paris

Parisiens Ali, l’homme du “Monde”

- PAR VIRGINIE BERTRAND. PHOTOS NATHALIE BAETENS.

Journal au poing, sourire aux lèvres, Ali Akbar vend la presse à Saint-Germain-des-Prés.

Journal au poing, bras levés, sourire aux lèvres, Ali Akbar vend la presse dans les rues de Saint-Germain-des-Prés. Sa tactique ? proclamer des nouvelles imaginaire­s qui feront sourire. Sa spécificit­é ? Être le seul aujourd’hui, après avoir foulé pendant plus de quarante ans le pavé. Ça y est, ça y est, la semaine des 32 heures votée par l’Assemblée nationale”, “Ça y est, ça y est, les migrants déçus de la France s’en vont, ils venaient apprendre le latin”… Ali interpelle, surprend, déclenche clins d’oeil et sourires. Les Germanopra­tins le voient se faufiler, pénétrer aux Deux Magots, ressortir du Café de Flore, traverser le boulevard, entrer chez Lipp ou au Café Armani, parcourir le marché de la rue de Buci. Aujourd’hui, Ali trouve à Saint-Germain-des-Prés un air de frime, ceux qui lisent Le Monde se raréfient. De deux cents Le Monde écoulés début 1980, le nombre a chuté à trente. Mais cet éternel jeune homme, arrivé du Pakistan en 1973, quadrille toujours le quartier des éditeurs en homme libre, sans boss, en compagnie des mots qu’il manie en français, en anglais et en urdu. Son passé au Pakistan, son tour du monde sur un bateau de marchandis­es comme serveur, son arrivée à Rouen en 1973, ses nuits parisienne­s sous les ponts, sa rencontre avec un étudiant argentin vendeur de Charlie Hebdo devant Jussieu, sa chance donnée par Odile Choron, épouse du professeur Choron. Il relate son périple dans un journal avant de le transforme­r en livre, sur l’invitation de l’éditeur JeanClaude Gawsewitch : Je fais rire le monde... mais le monde me fait pleurer ! sorti en 2005.

Réinventer les Unes

Qu’est ce qui fait courir Ali Akbar chaque matin, depuis quarante ans, de Sceaux à Saint-Germain-des-Prés ? Au delà de vendre Le Monde, Ali fait partie de ce quartier. Il y construit sa légende avec ses deux premiers livres et bientôt le tournage d’un documentai­re. Chaque été, Ali Akbar, le vendeur de journaux reprend le chemin du Pakistan, souvent entouré d’étudiants de Sciences Politiques auxquels il fait découvrir son pays. Semblable à un rituel, il achète sur le marché des cages entières de perroquets entassés et leur ouvre la porte… vers la liberté. La fabuleuse histoire du vendeur de journaux qui a conquis le monde... et Je fais rire le monde... mais le monde me fait pleurer ! d’Ali Akbar, Jean-Claude Gawsewitch Éditeur.

 ??  ?? À la sortie du Monde vers 13 h, la tournée d'Ali Akbar quadrille Saint-Germain-des-Prés. Des célèbres cafés aux arrière-cours des galeries d'art jusqu'à Sciences Po, retentisse­nt les "Ça y est, ça y est" à suspense et humour corrosif d'Ali.
À la sortie du Monde vers 13 h, la tournée d'Ali Akbar quadrille Saint-Germain-des-Prés. Des célèbres cafés aux arrière-cours des galeries d'art jusqu'à Sciences Po, retentisse­nt les "Ça y est, ça y est" à suspense et humour corrosif d'Ali.

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