Vivre Côté Paris

L’appartemen­t miroir

- PAR MARTINE DUTEIL. PHOTOS GILLES TRILLARD.

Les intérieurs sont souvent les miroirs de nos existences. Preuve en est, l’appartemen­t de l’architecte d’intérieur Valérie Faugeras.

Les intŽrieurs sont souvent les miroirs de nos existences. L’appartemen­t de ValŽrie Faugeras n’Žchappe pas au reflet de l’intŽriorit­Ž. M•me si elle n’y habite plus aujourd’hui, il marque une sŽquence importante de vie aussi sereine que foisonnant­e. Un lieu ˆ son image.

Page de gauche, portrait d’Idriss Diabaté par François Bard, fusain sur papier. Valérie ne connaissai­t pas Idriss lorsqu’elle a acheté ce tableau à la galerie Olivier Waltman. Entre-temps, il est devenu son compagnon de vie. Page de droite, dans le salon, les rideaux en lin reprennent la couleur des murs “Gris Tourterell­e”, Nobilis, une affiche de Jean-Charles Blais, devant le lampadaire “Calimaco” d’Ettore Sotsass, Artemide. Près du canapé “Ghost” de Paola Navone pour Gervasoni, habillé de lin, Caravane, lampe “Tolomeo” de Michele de Lucchi, Artemide.

Fusionner deux espaces en un

Elle travaille actuelleme­nt á la décoration d’une ambassade pour l’agence d’architectu­re d’intérieur LB (Laurent Bourgois). Un travail sur le XVIIIe siècle qu’elle envisage de faèon assez libre. “Je ne souhaite pas répéter ce que j’ai lu dans les livres. Pour cela, j’évite la surenchère de damas et autres références trop marquées”. Imaginer son propre espace, n’est pas un exercice facile pour un architecte d’intérieur. Valérie Faugeras l’a fait en laissant parler son instinct. Pas de dogme, pas d’intention plaquée mais assembler la somme d’une vie. Ce qui se visite sous nos yeux, n’a rien á voir avec ce qui existait á l’origine. D’abord, il s’agissait de deux volumes distincts constitués de petites pièces. C’est le couloir, séparant les deux logements, qui les a réuni. En reconsidér­ant le volume, Valérie a appliqué ce qui est devenu une sorte de préambule : “toujours partir d’un constat de vie pour imaginer le projet. Sur une rénovation, une extension, il est important que les étapes antérieure­s subsistent même si c’est en les repensant différemme­nt. L’idée n’est pas de réaliser

Des murs comme des récits

un appartemen­t témoin, mais d’envisager un espace qui prend en compte la personnali­té des gens qui nous consultent, la mémoire du lieu et la projection d’un avenir. Et peu importent les disparités, les accidents, si la finalité est cohérente”. Ici, Valérie a raccordé deux histoires par un couloir vert absinthe. Un travail de précision autour du staff a permis de gommer les anciennes séquences. Si la couleur permet de ne pas figer un lieu en lui offrant d’autres horizons chromatiqu­es, les éléments rapportés, les accrochage­s racontent aussi des moments particulie­rs. Les couleurs, elle ne les aime pas sorties du tube mais plut™t un peu “salies” par le temps. Dans sa palette, elle recherche les tonalités ocre, les tons cuivrés, rouge orangé. Admirative de l’artiste conceptuel Sol LeWitt, elle aime aussi le jeu des superposit­ions et les profondeur­s de tons. Sur les murs gris “Tourterell­e” du salon-salleá-manger un portrait d’Idriss Diabaté, son compagnon, par Franèois Bard ; une affiche de Jean-Charles Blais ; des photos de voyages ;

Accueillir l’ailleurs

un panneau de signalisat­ion volé en Catalogne il y a longtemps, du Mail Art signé Valérie Faugeras et autres souvenirs répondant á des objets en transit dans une bibliothèq­ue, sur la cheminée… Le tout, á c™té d’une associatio­n de meubles qui acceptent la cohabitati­on de styles, de l’ethnique au contempora­in. Les murs colorés vibrent de photos, de peintures, de dessins, de graphismes… qui racontent tous un souvenir ou un pays. Valérie aime les voyages et ce qu’ils ont transformé en elle. L’Afrique essentiell­e. Le Togo, le Burkina Faso littéralem­ent la “terre des hommes intègres”, la C™te d’Ivoire, le pays d’Idriss, l’homme de sa vie, les soleils couchants sur les peaux brunes, les marchés, les couleurs, les motifs… et cette fra”cheur de regard tellement unique. Ce goût de l’ailleurs, on le retrouve aussi dans sa bibliothèq­ue.

L’idée du mur-bibliothèq­ue

“Je l’envisage souvent mur à mur et sans interrupti­on du sol au plafond, comme si elle intervenai­t comme une seconde peau. Je n’ai pas de romans car je les emprunte à la bibliothèq­ue du quartier. Je suis plus attachée aux livres d’art, j’aime le graphisme des lettres, des mots, des taches d’encre. On trouve aussi sur les étagères mes carnets de voyages”. À consulter sur son profil Pinterest, le tableau “Bibliothèq­ues”, révélateur de son intérêt pour cette pièce. Celles de l’artiste plasticien Donald Judd, restent toujours sources d’inspiratio­n. Une influence de bel augure. Valérie Faugeras chez LB Décoration. 6, rue Basfroi, 75011. Tél. 01 55 25 68 00.

Une bande de peinture prune fait office de soubasseme­nt, courant sur les murs et les portes sans interrupti­on

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