Expo Le Corbusier et les femmes
Malgré son air austère, ses hublots intimidants et ses propos puritains, Le Corbusier aimait les femmes.
Le Corbusier aimait les femmes. Malgré son air austère, ses hublots intimidants et ses propos puritains. Il était excessivement compliqué comme on le découvre dans les lettres qu’il envoyait tous les quatre jours à sa mère et où l’on en apprend de belles. Il eut en fait un besoin infini d’affection féminine.
a plus importante des femmes de sa vie fut Marie-Charlotte Jeanneret, mère vénérée comme la Madone qui mourut presque centenaire en 1960. Il avait envers elle le complexe du fils mal-aimé car elle ne lui accordait pas la mème attention qu’á son frère a”né Albert. Par ses incessants récits épistolaires, il pensait se l’attacher en lui prouvant son génie. Son incroyable franchise envers la vieille dame va jusqu’á friser parfois la lubricité : il n’hésite pas á lui raconter ses aventures, á exhiber son plaisir. Il comble ses absences en l’imaginant avec beaucoup de vanité, béate de bonheur dans la maison surplombant le lac Léman, qu’il avait construite á ses parents, alors qu’elle s’y morfondait et y gelait. Évidemment il choisit sa femme á l’opposé de sa mère. La ravissante Yvonne, brunette á l’accent du midi, vaguement mannequin, venait d’un milieu très modeste. Sémillante, joyeuse, moqueuse, il la considérera au fil des trente-sept ans de vie commune comme une femme-enfant dont la spontanéité le charmait et flattait son paternalisme, mais qu’il laissait éloignée de sa vie professionnelle. Délaissée par ce grand esprit
Ltoujours en voyage, elle excellait dans les soins ménagers tout en soignant sa dépression au pastis. Il l’adorait quand mème, de l’avis de tous. À la fin, il cachait cette femme devenue impotente, alcoolique et criarde, mais ne la laissa jamais tomber. On lui prète une aventure avec Joséphine Baker sur le transatlantique Le Lutetia au retour de Rio. Il laisse de cette rencontre dessins érotiques et aquarelles sublimes. Amateur de prostituées, on ne lui prète pas de grandes amours. Juste une relation intime avec l’Américaine très riche Marguerite Tjader Harris, la bonne amie capable de le financer pour un projet d’une maison á Vevey. Ce despote tenta surtout désespérément de s’aimer un peu lui-mème.
Amoureux et misogyne
Dans ses mémoires, Charlotte Perriand qui avait pour amant son cousin Pierre Jeanneret insiste sur sa rencontre avec l’architecte misogyne, la recevant á l’agence avec un “Ici, on ne brode pas des coussins” en lui montrant la sortie. Attitude somme toute banale dans les années vingt qui n’empècha pas leur collaboration par la suite. Le Corbusier lui faisant confiance pour la réalisation des meubles, l’aménagement de ses villas puristes et de ses Unités d’Habitation, spécialement les cuisines. Il savait s’attacher les talents, du moment que ceux-ci mettaient en valeur ses préceptes. Contre toute attente, il peignit á partir des années trente beaucoup de toiles á la gloire d’une sensualité triomphante avec des femmes énormes et pulpeuses, des ébats sexuels comme un hymne á la nature et au soleil, loin de ses penchants pour la vie monastique. Ë lire. Le catalogue de l’expo “Le Corbusier, mesures de l’homme”, Centre Pompidou. C’était Le Corbusier de Nicholas Fox Weber, Fayard.