Vivre Côté Paris

LA CUISINE SENSIBLE DE PERLA SERVAN-SCHREIBER

- PAR FANNY DALBERA.

Éditrice, elle a participé à la création de Psychologi­es et lancé Clés. Mais Perla Servan-Schreiber est aussi une cuisinière d’exception. Elle revient pour nous sur le sens qu’elle donne à ce plaisir qu’elle dit “sacré” et nous livre son ingrédient secret, celui qui anime toute sa cuisine, le plaisir de la partager.

La cuisine de Perla Servan Schreiber est savoureuse, naturelle, joyeuse. Elle l’a nourrie au fil de ses rencontres, en s’inspirant de son entourage comme de celle des grands chefs, sans jamais avoir le souci de “faire bien” mais celui de “faire bon”. Parce que ce qui anime sa cuisine c’est l’infinie variation des mets, la découverte de saveurs inattendue­s, et plus que tout le partage qu’elle permet. “Rien ne m’émeut autant que de voir mes petits-enfants encore à 25 ans avoir envie de partager un repas que j’ai préparé. Ce sont des moments de grâce. Depuis cinquante ans, c’est un plaisir fou et une nécessité à mon équilibre quotidien.” Ce plaisir fou Perla Servan-Schreiber le tient de sa mère et de sa grand-mère qui cuisinaien­t “avec une joie infinie même si ce n’était pas un choix pour elles.” Si elles lui ont transmis cette image heureuse de la cuisine, elles ne lui ont pas pour autant donné les clés de leur savoir-faire. “Nous étions six enfants dans une toute petite maison. La cuisine faisait la taille d’un dé à coudre dans laquelle il n’y avait pas de gazinière mais des petits braseros. Il n’était pas question d’en franchir le seuil.” Lieu de transmissi­on et d’épanouisse­ment. C’est donc après avoir quitté sa famille qu’elle a découvert la dimension fondatrice de la cuisine. “J’étais une adolescent­e peu sûre de moi. C’est en commençant à cuisiner que j’ai trouvé de l’assurance. De voir mon entourage apprécier ce que je faisais, cela m’a valorisée instantané­ment. Quand on trouve ce qui nous permet de nous épanouir, de partager, d’exister, c’est sacré, on s’y accroche. Quand j’enfile mon tablier, c’est immédiat, je change de posture, je deviens moimême. C’est le coeur de ma vie.” Pour elle, la cuisine, sa cuisine, est un lieu de reconnaiss­ance, de transmissi­on et d’épanouisse­ment. “C’est difficile de formuler ce que l’on ressent à cuisiner. C’est en écrivant l’avant-propos de mon livre que j’ai réalisé de quoi se charge ce plaisir. De gourmandis­e, mais aussi de concentrat­ion et de respect du temps. Aussi pressée soit-on, s’il faut une heure à la cuisson douce d’un bar. Il faut une heure ! On apprend à avoir plus grand que soi, ça force le respect. Quand on mesure que ces vertus sont présentes dans l’acte de cuisiner, on peut alors vivre mieux.” Et percevoir dans la cuisine du quotidien un rituel et non pas une routine. Ce qui change tout. La Cuisine de Perla, 200 recettes saines, simples et savoureuse­s de Perla ServanSchr­eiber, photos ValŽry GuŽd•s, 396 p., 35 €, Žditions de La Martini•re.

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