NATACHA RÉGNIER
ET LA MAGIE DU CHÂTELET
Elle aime les lieux chargés d’Histoire(s). Elle aime les salles de spectacles, ces terrains de jeu où l’acteur exprime une vérité le temps d’ètre quelqu’un d’autre que lui-mème. Des coulisses à une visite sur le toit, Natacha Régnier lève le rideau sur la magie du théâtre du Châtelet.
Lorsqu’on interroge Natacha Régnier sur ses lieux parisiens préférés, les noms de théâtres défilent naturellement. L’Olympia, le théâtre des Abbesses, le théâtre de la Ville, mais aussi le théâtre des Bouffes-du-Nord, qui exerce sur elle, une aura particulière. C’est lá que s’exerce la fantaisie poétique de Peter Brook. Et c’est pour cette même liberté d’expression, qu’elle a choisi de se regarder dans le miroir du théâtre du Châtelet. Depuis 1862, il puise sa singularité dans une approche plurielle. À l’époque, cette salle de 2 500 places était la plus grande de Paris. L’actrice de La vie rêvée des anges livre ses affinités avec les mots, avec lesquels elle tisse des liens particuliers. Les théâtres ne sontils pas des “boîtes” á accueillir les mots? Des mots pour inventer des personnages, des mots á chanter, des mots á penser. Le Châtelet bruisse et résonne de mots en provenance d’univers, d’esprits, d’époques en tous genres. C’est le théâtre de l’éclectisme. Depuis toujours sa programmation embrasse toutes les disciplines: féeries, opéras, drames, ballets, comédies musicales, symphonies, opérettes, vaudevilles, mystères, revues, projections cinématographiques, récitals et concerts de jazz ou variétés, le panorama ressemble a un vaste horizon. Depuis 2006, Jean-Luc Choplin, en privilégiant audace, humour, création contemporaine et âge d’or des musicals américains, prolonge cet engagement. “Le sophistiqué-populaire, c’est ça l’esprit Châtelet ! ”, souligne-t-il. Aujourd’hui encore, la saison alterne entre humour avec Valérie Lemercier, danse avec Pina Bausch ou le New York City Ballet et musical avec Kiss Me Kate ou Wonder.land… Oui, que ne jouerait-on pas dans ce théâtre ouvert á tous les courants d’art ?
Spectacle, poésie, humanisme sous la coupole
Natacha y ajoute encore d’autres prismes. “C’est ici qu’ont lieu les cérémonies des César du cinéma depuis 2002, les galas au profit d’Amnesty International. Des événements qui mêlent sous une même coupole, spectacle, poésie, humanisme. Dans ce théâtre, les spectacles prennent des allures de voyages, d’évasion. Sa situation au coeur de Paris, sa facture à l’italienne lui donne une existence et une magie particulière”. Parmi les nombreux spectacles qu’elle est venue voir dans cette salle, l’éblouissante Flûte enchantée de Jean-Paul Scarpitta, qui proposait une version contée de l’opéra de Mozart. De ce conte initiatique et poétique, Natacha se souvient du décor de la cour de Sarastro et de son lion géant. Impressionnant. Superbe ! Dans l’ordre d’entrée en scène, cet hiver, elle sera une neurochirurgienne qui a des visions dans la série fantastique Anomalia de Pierre Monnard avec Didier Bezace, en janvier prochain sur la TSF. Elle jouera en même temps dans le film Le fils de Joseph d’Eugène Green avec Fabrizio Rongione et Mathieu Amalric. Et puis, parce qu’elle aime se rapprocher de la musique, elle sera Jeanne d’Arc au bûcher le 31 janvier prochain, á la salle Philarmonique de Liège. Ce grand oratorio d’Arthur Honegger, dirigé par Christian Arming, réunira une centaine de choristes á ses c™tés. Pour clore la saison, le théâtre rallume l’un des plus beaux succès de la saison dernière avec Singin’ in the Rain et Robert Carsen á la mise en scène.