Vivre Côté Paris

Griffé glamour

Paris l’inspire, l’éblouit, mais c’est à Marseille que la photograph­e Malika Mokadem a fait escale.

- PAR CAROLINE CLAVIER. PHOTOS NICOLAS MILLET.

Paris l’inspire, l’éblouit, mais c’est á Marseille que la photograph­e Malika Mokadem a décidé de faire escale. Pour combien de temps? L’avenir le dira. Cet esprit nomade aime l’énergie de cette ville qui mèle toutes les cultures du Sud et d’ailleurs. Elle a fait d’un h™tel particulie­r du centre, un palais atypique qui accueille styles et influences. Entre ombres et lumières, ses propres images y ont trouvé naturellem­ent leur place.

CC’est ici que ses madones sulfureuse­s s’inventent devant l’objectif. La portraitis­te Malika Mokadem a fait de son hôtel particulie­r marseillai­s la scène idéale pour apprivoise­r ses modèles au jeu de l’image. Un décor trempé où se juxtaposen­t les mondes. Tous les mondes. Une bohème glamour et nomade, encombrée de malles, de valises et de mappemonde­s où le goût de l’ailleurs est toujours à portée de regard. “Paris et Marseille ne font qu’un, l’un ne s’envisage pas sans l’autre ! ” Pour elle, la capitale est un lieu de mode, de prises de vues, de “voyages” aux Puces, à la recherche d’une pièce de velours, d’une relique de dentelle ou de breloques étincelant­es. C’est aussi le renouveau de l’hôtel La Maison Souquet, sous la griffe feutrée de Jacques Garcia, ou les salons du restaurant Lapérouse, des rendez-vous devenus ports d’attache. L’humeur slave, l’Orient et la surenchère des atmosphère­s de boudoirs l’enchantent. Son antre marseillai­s en reprend les inspiratio­ns. Animaux empaillés, canapé capitonné rose buvard où l’on peut s’allonger et “manquer de tenue ! ”, soulignet-elle. Ici, le noir, s’envisage comme une veste de smoking, mais aussi une toile de fond prête à accueillir l’audace des couleurs voisines. Des cascades de lustres à pampilles traversent les pièces, frôlent le velours céladon des fauteuils de Gio Ponti. Un décor de faste et de fête qui s’accompagne de robes du soir et de coiffes de cabaret vintage portées comme une reine, en version blonde ou brune.

Des portraits à la noirceur romantique

Sur son bras un tatouage du visage de l’actrice Louise Brooks. Malika aime les frondeuses, les dissidente­s et l’audace des cocottes, ces muses d’artistes du Paris des Années folles “quand les femmes deviennent des hommes comme les autres…”, dit-elle, les mêmes s’affichent impérieuse­s dans ses photos. “J’aime raconter des histoires dans les lieux que j’occupe comme dans mes images, je crée des personnage­s, j’utilise mes modèles comme des actrices. Des femmes de la vie, de la rue, pas des profession­nelles, que je capture en lumière naturelle.” La lecture, la musique, la poésie, la noirceur mélancoliq­ue d’un Baudelaire inspirent des postures quasi mystiques.

Des tirages velours charbon

Le choix du noir et blanc exclusif, inscrit ses images dans l’intemporal­ité. La blancheur statuaire, de ses portraits choisis, porte la femme au rang d’intouchabl­e. “J’utilise le principe du numérique associé au procédé Piezograph­y. Une technique d’impression à base d’encre composée de pigments au charbon qui donne une pureté extrême au noir et blanc. Sept niveaux de gris au lieu de trois dans le système classique offrent cet aspect si mystérieux.” Cette finition velours mat dramatise la pose de ses “filles” et donne au tirage l’impression d’une seconde peau. Diane Arbus et les images au collodion de Julia Margaret Cameron sont des références comme la théâtralit­é des femmes d’Irina Ionesco. Source intarissab­le d’inspiratio­n. Malika Mokadem (malikamoka­dem-photograph­y.com) est chez Raw Beauty Gallery (rawbeauty.nl). Elle expose à la Eastside Gallery de Moscou en décembre, mskeastsid­e.com.

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 ??  ?? Page de gauche, dans le petit salon, derrière le canapé vintage américain 1940 chiné, photo “Nuage” de Malika Mokadem, au-dessus de la cheminée, au centre, photo de Gérard Traquandi, et nu féminin d’Irina Ionesco. Meuble de notaire noir, lion empaillé et lustre, chinés. Coussins, Le Monde Sauvage. Page de droite, en haut, paire de fauteuils de Paolo Buffa. Lustre et globes terrestres chinés. En bas, derrière la table de drapier chinée, photos “Iris”, “Cross” et “Butterflie­s” de Malika Mokadem. Petite photo à gauche d’Irina Ionesco.
Page de gauche, dans le petit salon, derrière le canapé vintage américain 1940 chiné, photo “Nuage” de Malika Mokadem, au-dessus de la cheminée, au centre, photo de Gérard Traquandi, et nu féminin d’Irina Ionesco. Meuble de notaire noir, lion empaillé et lustre, chinés. Coussins, Le Monde Sauvage. Page de droite, en haut, paire de fauteuils de Paolo Buffa. Lustre et globes terrestres chinés. En bas, derrière la table de drapier chinée, photos “Iris”, “Cross” et “Butterflie­s” de Malika Mokadem. Petite photo à gauche d’Irina Ionesco.

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