Vivre Côté Paris

Papier d’identité

- PAR AXELLE CORTY.

dans son atelier de la Plaine Saint-Denis en 1986. en fonte d’aluminium, verre soufflŽ de Bohême et aluminium laquŽ, Éric Schmitt pour Christian Liaigre, 2014. lampes ˆ poser “Hat”, bronze et verre soufflŽ, 2006, galerie Ralph Pucci. lampe ˆ poser “Gypse”, plâtre, 2008. vases “Tulipe” en plâtre, polyester et laque mate, 2013. rampe d’escalier “Diapason” en acier patinŽ, 2001, et sellette tambour en fer battu, bronze et verre, galerie NŽotu, 1991. Quel design donner à un livre sur le design ? Le designer Éric Schmitt s’est posé la question pour concevoir un ouvrage sur ses trente ans de carrière. Résultat : un portrait de papier créé avec le graphiste Jean-Marie Courant. ous n’allons pas publier un fanzine de rock ! ” Avec cette formule efficace quoiqu’un peu brutale, Jean-Marie Courant exige

Nque toutes les photos initialeme­nt prévues pour la maquette soient refaites. Éric Schmitt, fanatique de la ligne pure, a trouvé aussi intransige­ant que lui. Le livre a mis trois ans à voir le jour. Trois papiers différents ont été utilisés : du “couché”, bien lisse, pour magnifier les photograph­ies, du “bouffant”, pour une bonne prise en main à la lecture des textes, et un papier plus gris pour gommer l’hétérogéné­ité des images d’archives. Le tout pour un poids d’à peine plus d’un kilo. “Il y a des principes de base pour faire un livre. L’un d’entre eux est de ne pas dépasser ce poids. Il faut qu’il soit maniable”, explique Jean-Marie Courant. Le graphisme, c’est sa passion depuis longtemps. Il l’a étudié à l’école des Arts Décoratifs de Paris, il l’enseigne aujourd’hui aux Beaux-Arts de Lyon. Après avoir conçu des pochettes de disques pour Christophe ou Gotham Project, il travaille pour les génériques des films de l’artiste contempora­in Éric Baudelaire. Il vient de signer l’identité visuelle du Fonds régional

d’art contempora­in de la région PACA. Son pseudo de graphiste : Regular. “Un terme de typographi­e difficile à traduire. Le moins mauvais synonyme serait ‘authentiqu­e’ ”. Une certaine inflexibil­ité fait sa patte. Elle reflète son respect pour sa discipline. Éric Schmitt s’avoue surpris : “J’ai découvert le design graphique à l’occasion de ce livre. J’ai dû laisser à Jean-Marie sa part d’interpréta­tion. Nos relations ont été très tendues, mais j’ai décidé de lui laisser les manettes. Sinon, à quoi bon faire appel à un graphiste ? ” Dans les années 1990, Jean-Marie Courant a été stagiaire chez Éric Schmitt. “Avant la 3D, c’est lui qui traduisait mes hiéroglyph­es en projets acceptable­s pour mes clients”. Ici aussi il agit en révélateur. “En feuilletan­t le livre, j’ai découvert une continuité dans mon style.” On y retrouve toutes les facettes du designer : autodidact­e, musicien dans la mouvance punk

du Paris des années 1980, photograph­e, forgeron de ses premiers meubles de métal puis explorateu­r de matériaux dans son atelier de la campagne francilien­ne, près de sa famille, de ses chiens, et de ses chers

chevaux. L’apparente économie de moyens de l’ouvrage répond à sa devise : “Un meuble a besoin d’émaner du silence pour qu’on l’aime longtemps”. Un livre pour miroir. Éric Schmitt, textes de Pierre Doze, 320 p. 55 €, éditions Norma.

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Éric Schmitt Table “Hill”, Ci-dessus, Ci-dessous, Ci-dessus, À gauche,

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