Au commencement la nature
La COP21 et ses enjeux climatiques, le film Demain qui comptabilise plus de 800 000 entrées, la thématique “Wild” choisie par l’Observatoire de Maison&Objet en janvier dernier et toutes les initiatives étendards, tous les projets confidentiels visant au sursaut d’intérêt pour l’environnement participent à un grand chantier alternatif. L’industrialisation, l’innovation, l’urbanisation ont leurs limites. Celles de nous noyer dans un confort qui nous éloigne de la Terre. L’accélération du monde nous a fait passer d’une bonne conscience consensuelle à une urgence absolue. Le bruit de fond se fait marteau-piqueur, l’évidence devient sentence. Plus le temps, plus le choix. On voudrait revenir en arrière, effacer le disque dur, celui qui a brouillé les pistes, qui nous a éloigné de nos vérités, mais le danger est toujours devant nous. Alors que s’écrivent les solutions, pendant que s’élaborent les postulats, reprenons vite notre manuel intérieur et réapprivoisons cette nature qui nous a fait naître. L’idée de la perdre nous la rend toujours plus précieuse. À côté de cet activisme originel, l’idée prégnante d’une cabane perdue au fond des bois trouve écho en nous, tout comme l’envie de se fondre dans un paysage vierge d’interventions, comme l’image résiliente de ces herbes traversant le bitume, comme l’engouement pour le “sauvage”, le primitif, les friches, les terrains vagues, là où la nature reprend viscéralement ses droits. Le point de départ n’est-il pas celui d’arrivée ? Comme si nous avions fait le tour de la Terre pour revenir au commencement et se rapprocher d’histoires naturelles où ville et vert sont réunis, où l’on déjeune sain, bio, local, fait maison, où l’on part à la découverte de plantes sauvages et de leurs bienfaits, où l’on cueille des herbes du jardin pour parfumer nos plats, où l’on invite de bonnes et Mauvaises Graines, où l’on choisit un répertoire décoratif qui encense le végétal… Et ce en attendant que la végétation grimpe sur les murs de nos villes, que les fermes verticales se dressent dans le paysage citadin, que s’érigent des immeubles avec balcons-potagers comme dans les prévisions positives de l’architecte Vincent Callebaut*. Là où le vert gagne sur le gris. Martine Duteil, rŽdactrice en chef