Humour noir et crayons de couleur
À l’occasion du 20e anniversaire de la mort de Topor, la BNF met en valeur la diversité de son art.
De Gaulle dont le nez long, très long, évoque un hachoir qui broie la pauvre Marianne. Ça commence bien. Le rebelle Roland Topor s’en prenait même au Général. Non, ses illustrations satiriques n’apparaissaient pas seulement dans des revues subversives et confidentielles, elles ont été publiées dans des périodiques plus consensuels : Le Monde, Elle, New York Times… Une liberté d’expression qui rend nostalgique, à notre époque si politiquement correcte. Le visiteur parcourt la rétrospective Topor, à la Bibliothèque Nationale de France, le sourire aux lèvres, alors qu’il découvre des affiches pour Hara-Kiri, « journal bête et méchant » ou qu’il écoute des extraits d’interviews auxquels le dessinateur répond, pince-sansrire, dans la fumée d’une pipe ou d’un cigare selon la période. Je suis « un déconneur », aimait à se qualifier Roland T., disparu trop tôt à l’âge de cinquante-neuf ans. Certes, mais « un déconneur » de talent. Quel coup de crayon ! Son univers relève du fantastique,
il se fait caustique, poétique. La présentation à la BNF, riche de trois cents documents, révèle les innombrables facettes de son oeuvre. Topor a illustré des livres : Marcel Aymé, Gogol, Jacques Sternberg, Boris Vian. Il a dessiné décors et costumes pour la scène, composé des génériques de films dont celui de Viva la muerte d’Arrabal, signé la mémorable affiche du Tambour de Schlöndorff. Il est l’auteur de nouvelles, de pièces de théâtre, de romans dont Le Locataire chimérique adapté à l’écran par Roman Polanski. Quoi encore ? L’artiste a coréalisé un film d’animation La Planète sauvage et conçu une émission de télévision pour la jeunesse avec le Belge Henri Xhonneux : Téléchat qui parodiait le journal télévisé des adultes et ce, avant Les Guignols de l’info. La marionnette Lola, qui interprétait la journaliste, était représentée par une autruche. Petite tête et belle gorge. « Le Monde selon Topor », jusqu’au 16 juillet. BNF FrançoisMitterrand. Quai François Mauriac, 75013. bnf.fr