Vivre Côté Paris

La maison miroir de Pierre Yovanovitc­h

L’architecte d’intérieur offre un écrin à son agence, un hôtel particulie­r du XVIIIe.

- PAR VIRGINIE BERTRAND.

Comme une maison de couture. Une impression­nante porte d’entrée en verre épais, un escalier d’apparat de pierre et de chêne, un salon antichambr­e au bureau du maître – de maison –, une bibliothèq­ue, une matériauth­èque et sous les toits, l’atelier du sur-mesure, des centaines de liasses de tissus côtoient des extraits de terre d’Irak, des essais d’émaux, des bois patinés. L’aménagemen­t entier de l’hôtel est le fruit de la main de l’homme, celle de Pierre Yovanovitc­h, des artisans complices de longue date, de son équipe d’architecte­s. Il le façonne en collaborat­ion : les ferronnier­s Bataillard forgent la suspension en trois tiges, les tapissiers d’art Jouffre habillent le mobilier de lin tissé à la main, la céramiste Armelle Benoît relève tous les défis, cheminée de huit mètres, rocher érodé en table basse, crédences de cuisine. Toutes ses réalisatio­ns surmesure confèrent une humanité, de l’ordre du sensible, dans des lieux qui peuvent être gigantesqu­es comme la Patinoire Royale de Bruxelles. Les créations de Pierre Yovanovitc­h revendique­nt les formes simples. Quand aux meubles chinés, tous scandinave­s, le scénograph­e qu’il est

aussi, explique : « ils apportent l’esprit et l’éclectisme du chic à la française. » L’art, supplément d’âme du luxe. Les grands collection­neurs Pinault, Carmignac, choisissen­t l’architecte car, comme le rappelle le galeriste Kamel Mennour: « c’est quelqu’un qui sait s’effacer pour l’art. » Pierre Yovanovitc­h souligne : « l’importance de faire des commission­s avec les artistes, comme précédemme­nt avec les designers, Matali Crasset, Mathieu Lehanneur, Maarten Baas… c’est un enrichisse­ment mutuel. » Reconnu comme celui qui conçoit le plus juste environnem­ent pour une oeuvre, il va plus loin et invite donc des artistes à travailler in situ. Daniel Bureau crée un vitrail dans un hôtel particulie­r parisien, Felice Varini bouleverse les perspectiv­es d’un autre, Tadashi Kawamata sculpte une chambre-nid. Pour une fresque dans la chapelle de son château du sud, il donne carte blanche à Claire Tabouret. « C’est une démarche sincère, de goût, dans des écrins où règne cette tension de grand raffinemen­t et de grande simplicité, de matières brutes et sophistiqu­ées. » Dialogue permanent entre art, architectu­re et artisanat. pierreyova­novitch.com

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