Dans cette maison perchée de La Campagne à Paris, créations en papier et vie de famille cohabitent librement.
Installée sur les hauteurs du quartier de La Campagne à Paris, l’artiste Julie Yülle cisèle les contours d’une oeuvre de papier. Dans cette maison perchée, création et vie de famille cohabitent librement et au vert.
L’endroit se mérite. Quatre escaliers permettent d’accéder à la petite butte plantée, à deux pas de la porte de Bagnolet. L’oasis urbaine aux accents bucoliques est insérée dans la très convoitée Campagne à Paris, petit village pavillonnaire où la nature a pris racine. Glycines, passiflores et clématites pavoisent sur l’ancien site des carrières de gypse comblées, à l’époque, par les gravats des grands travaux haussmanniens de la place de la République et de l’avenue Gambetta. Le petit bois qui coiffait la colline deviendra, en 1907, l’objet d’un projet de quatre-vingt-douze habitations ouvrières. Intact aujourd’hui, le site regarde Paris de haut, garant de sa quiétude. Installée dans l’une de ces maisons en meulière, cette couturière hors norme, formée à l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs, passionnée d’imprimés, de motifs, de textiles, cultive l’art du tissage des papiers découpés. C’est aussi ici qu’elle invente ses figures fantasques mêlant le papier à l’infini, superposant les formes. Avec un récit graphique et tentaculaire, stimulé par un imaginaire inspiré, Julie Yülle plante le charme désuet de reliques qui semblent venues des Amériques. À l’évidence cette Campagne à Paris la stimule. « J’aime l’idée d’un Paris populaire. Un Paris bucolique, simple comme une mauvaise herbe. J’ai toujours été motivée par la rencontre de deux concepts improbables. C’est ce qui me fait inventer un vase en tissu, c’est aussi ce qui me pousse à mélanger les styles et les époques. J’avais besoin de cette introduction de la nature dans la maison, de portes ouvertes, de l’air qui circule, du chant des oiseaux. Je suis attentive au “comportement” de la clématite qui s’enroule, à la force de la glycine. » Et si on la questionne sur le choix du papier découpé, elle explique : « J’ai eu envie de prendre des pages de magazine, de les plier en deux avant de les découper. Comme les taches du test de Rorschach. J’avais imaginé ce procédé pour retrouver l’instinct et l’improvisation. L’idée de faire comme un mur végétal de papier, piégé derrière un verre m’a poussée à travailler sur de petites vitrines. Le découpage est un point de départ, il permet de développer des formes, que je peux ensuite reprendre dans d’autres univers comme la décoration, le textile, la mode… » Sur R-V par l’agence Notez-le bien. Tél. 09 82 32 24 87 et julieyulle.fr