Des créateurs-entrepreneurs
Comme tous, elle parle d’harmonie « décalée ». Gérard Gourdon de Mimilamour, ex-directeur artistique dans la pub et la presse, renchérit avec ses bracelets laiton et lettres frappées à la main « Il faut dire je t’aime ». Les ateliers-boutiques existent aussi version céramiste ou fleuriste. Métier-passion de reconvertis ou de moins de trente ans qu’ils partagent dans des cours dispensés au sein de leur atelier. Poussez la porte de La Bringue et Arthur, trentenaire fougueux ayant troqué sa boîte de nuit bretonne pour ce restaurant-bar non loin de l’eau, vous accueille comme un ami. Il distille un sentiment de fête en mêlant grande table haute en prolongement du bar et tables plus basses avec chandelles. Tout a été dessiné par Anne-Lise Dess « une copine » qui a travaillé avec Philippe Starck, pour le Mama Shelter. Les ambiances diffèrent mais il existe cette même attention, autant aux gens qu’à la qualité des produits et à la cuisine. Version poissons pour La Marine et La Méduse, version terroir pour Les Enfants Perdus. Sol Semilla éduque, mais toujours sur le ton de l’entre-potes, aux superaliments venus d’Amérique du Sud, fèves de cacao cru, spiruline, açaï, nopal. Que ce soit par la légèreté du vegan et sans gluten ou par les sourires des serveurs, on ressort de ces restaurants, revigoré. L’art rompt aussi la distance qui peut exister dans les galeries. Il s’expose en appartement et donne lieu à des échanges, à des conversations, avec les artistes et les maîtres des lieux. Nathalie Miltat ouvre depuis deux ans son living-room à tous les passionnés d’art contemporain en quête de découverte. Dans un bâtiment de style Eiffel, l’espace, baptisé L’Appartement, présente chaque année une saison d’expositions conçue par un commissaire artistique invité. 2017 est orchestré par Sonia Recasen sous le titre « Constellations éphémères », autant d’occasions d’appréhender l’art contemporain africain. Sur l’autre rive, l’Ideal Artist House de Rens Lipsius, amène également au coeur du processus créatif. L’artiste a repensé d’anciennes constructions hétéroclites en un seul lieu dont la vocation est de stimuler la création. « Un lieu de devenir, ce qu’est au départ un atelier. Je veux emmener cette atmosphère dans le privé ». Dans l’éclat des verrières, le rythme des poutres, la transparence des escaliers, on découvre une sculpture de Denis Oppenheim, autrefois en résidence, et le travail de Rens Lipsius sur la lumière. « Prochaine étape, un programme sans programme, un éloge à l’aléatoire ». Peutêtre est-ce cela, l’alchimie du canal !