Vivre Côté Paris

SAVOIR- FAIRE

MOULEUR STATUAIRE DEPUIS 1871, L ORENZI EST UN ATELIER ENVOÛTANT. AUX PORTES DE PARIS, I L ABRITE L ES SECRETS DE FABRICATIO­N D’UN L I EU VIVANT, PEUPLÉ DE FIGURES I MMOBILES.

- PAR Cécile Vaiarelli P HOTOS Nathalie Baetens

Mouleur statuaire depuis 1871, l’atelier Lorenzi abrite de nombreux secrets de fabricatio­n.

Au commenceme­nt était le plâtre, poudre parfaite fabriquée à partir de gypse Avec ses gisements de la Butte Montmartre, Paris a longtemps été une ville réputée pour son plâtre fin. Rue Blanche, rue du Port-au-plâtre, rue Plâtrière … où se regroupaie­nt les dépôts de plâtre perpétuent le souvenir d’une activité intense. Pourtant c’est à Arcueil que nos pas nous mènent pour découvrir l’histoire des Lorenzi. Maîtres d’art en moulage, ils héritent d’une tradition transmise de père en fils depuis trois génération­s. Un trésor de moules empilés par centaines, des modèles de plâtres par milliers. Bustes, têtes, vases, ornements, masques, fragments… leur bibliothèq­ue de formes se décline à l’infini. Atlas attend son monde, Voltaire ironise, Notre-Dame gargouille… Sur les cartons qui tiennent lieu de signalétiq­ue, on croise à la volée Hippocrate et Narcisse, Einstein, Napoléon et Victor Hugo, Mozart, Bacchus et Minerve, une princesse royale et un pugiliste, Chopin et Homère, une Vierge assise, un Lion de Saint-Marc… Un inventaire à la Prévert sur lequel le temps n’a plus aucune prise. Dans les ateliers,

recouvert d’un voile de poudre blanche, Loïc – mouleur, staffeur – s’affaire, Valery et Isabelle poncent et patinent, José travaille la résine. Les apprentis, eux, essuient les plâtres d’un métier complexe. Car l’art du moulage est fait d’une multitude de gestes précis. Entre cocon et sarcophage, la première étape consiste à construire la chape. Le moulage a ses secrets. Parfois les moules les plus anciens ont tant de clefs d’emboitage qu’ils forment un puzzle énigmatiqu­e. Puis le premier geste où l’on saisit le plâtre à pleines mains et où on le laisse tomber en pluie fine à la surface de l’eau est magique et le gâchage a quelque chose d’hypnotique. La substance obtenue, blanche et homogène, est crémeuse. Le coulage est un moment délicat et le démoulage est toujours une surprise. Au final, le ponçage des coutures sera un long jeu de patience. Édition, location, création, restaurati­on forment un tourbillon qui anime les ateliers où se côtoient personnage­s réels et vies fantasmées. Libre à chacun de s’approprier l’antre des ateliers Lorenzi et de chiner une belle pièce dans la boutique. De l’Égypte antique au XXIe siècle, au bonheur des écoles d’art, des sculpteurs, architecte­s, décorateur­s, metteurs en scène ou simples amateurs, l’oeuvre de plâtre achevée a toujours quelque chose d’immatériel. Lorenzi, Atelier et boutique, 60, avenue Laplace, 94110 Arcueil. Tél. 01 47 35 37 54 et lorenzi.fr

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 ??  ?? VISION D’ATELIER 1. Douceur d’une femme inconnue (XVe siècle) de Francesco Laurana, musée du Louvre. Toute l’expressivi­té en creux est déjà contenue dans le moule en élastomère de silicone. Sur le sol de l’atelier, effets décoratifs de fragments d’anatomie et de coquillage­s. PAGE DE GAUCHE 3. Prêt à recevoir le monde, dans l’atelier des plâtres Lorenzi, Atlas attend son heure. 2. 1. 2.
VISION D’ATELIER 1. Douceur d’une femme inconnue (XVe siècle) de Francesco Laurana, musée du Louvre. Toute l’expressivi­té en creux est déjà contenue dans le moule en élastomère de silicone. Sur le sol de l’atelier, effets décoratifs de fragments d’anatomie et de coquillage­s. PAGE DE GAUCHE 3. Prêt à recevoir le monde, dans l’atelier des plâtres Lorenzi, Atlas attend son heure. 2. 1. 2.
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