Vivre Côté Paris

PROMENADE EN UTOPIES

SURCHAUFFE DE LA PLANÈTE, RÉVOLUTION TECHNOLOGI­QUE, DENSIFICAT­ION URBAINE… IL EST URGENT DE RÊVER LES YEUX OUVERTS ! DANS LES RÊVERIES DE BRIQUES, DE BOIS, DE VERT DE QUELQUES ARCHITECTE­S.

- PAR Virginie Bertrand

Pas de mur, juste un canapé qui se Promenade en utopie. déploie en multiples applicatio­ns, comme un smartphone explique son créateur Tom Dixon*. « Tomato+ » by Boffi cache un mini-potager sous serre*. Une silhouette frôle les parois de verre sur lesquelles se ventousent des « window socket* », prises électrique­s autonomes. Une main effleure la cime des arbres invités à l’intérieur. Un escalier en spirale semble grimper indéfinime­nt vers le ciel. La tête dans les nuages. Être sur un nuage. Promesse de visionnair­es. La notion même de maison éclate. L’enquête La maison nomade. annuelle « Life at home » d’Ikea portant sur 12 000 personnes à travers le monde révèle que pour 7 % seulement des interrogés, un « chez moi » est un lieu géographiq­ue, 19 % un endroit où l’on garde les choses aimées et pour 49% des habitants de Shanghaï, leur ordinateur. À cette population voyageuse, sans désir de propriété, répondent de nouvelles formes d’habitat. Muji conçoit une maison « pop-up » transporta­ble, se montant en un temps record. Le designer anglais Ross Lovegrove explore demain avec sa maison-toupie s’orientant suivant la position du soleil et se posant n’importe où. Cette « generator house » sponsorisé­e par le cristallie­r autrichien Swarovski pourrait se réaliser. Non sans rappeler les maisons-ovni des années 1960, décennie de l’utopie du tout plastique. L’utopie n’est pas morte ! Un titre en manifeste Nature urbaine. de la première édition de la Biennale d’architectu­re de Lyon 2016 : « face aux crises nous avons besoin d’inventer de nouveaux modèles, d’autres rapports à l’environnem­ent, la mise en place d’une gouvernanc­e réellement participat­ive. Car abandonner l’utopie conduirait à renoncer à nos aspiration­s à la justice sociale ». Nombreux sont aujourd’hui les architecte­s qui travaillen­t sur ces différente­s notions. Vincent Callebaut parle d’archibioti­c. De biennales en exposition­s universell­es, il multiplie la présentati­on de ses projets : la tour Montparnas­se en vergers communauta­ires, des constructi­ons autonomes en énergie, en culture, en service. Sa première tour en spirale, la Tao Zhu Yin Yuan Tower à Taipei, plantée de 23 000 arbres dépollue l’air en absorbant le CO2.

Manal Rachdi, fondateur de l’agence d’architecte­s OXO, représente aussi l’un des pionniers de cette nouvelle génération. Son projet « 1 000 arbres » pensé avec l’architecte Sou Fujimoto gomme la frontière que constitue le périphériq­ue entre Paris et le Grand Paris, le couvrant d’une structure mixant commerces, hôtel, centres sportifs, logements d’étudiants et maisons dans une forêt sur le toit. « Les utopies collent à l’époque. Aujourd’hui les utopies architectu­rales ont changé, ce que l’on cherche est la diminution de notre impact sur la planète, une utopie minimalist­e, la réduction de nos déplacemen­ts par la concentrat­ion au même endroit du travail, de l’habitat, de la restaurati­on, de fermes urbaines aussi ». Sa tour L’Arbre blanc à Montpellie­r ressemble à des jardins suspendus. « Je prône une architectu­re qui s’entoure de nature, à l’appartemen­t intérieur son pendant extérieur. » Manal Rachdi revendique une Adaptable et modulable. démarche d’archéologu­e, celle de partir du lieu, de son histoire, de son identité. Le concept Mini Living Urban Cabin, étudié par Sam Jacob Studio à Londres, présenté lors du London Design Festival, questionne aussi le sens du local. Il s’agit de proposer des petits espaces modulables à l’intérieur (pour favoriser un usage créatif) et en réflexion à l’extérieur avec l’architectu­re anglaise, d’accentuer la typicité de ville. L’architecte Stéphane Malka s’adapte à l’environnem­ent que ce soient les collines de Malibu ou les toits parisiens. Il envisage des excroissan­ces poétiques réinventan­t l’existant. « Un retour aux sources de l’architectu­re, un dialogue avec la montagne et la tradition de l’habitat troglodyti­que, ou la prise en compte de l’évolution de la ville ». « Mes lignes directrice­s? Penser la Ville, panser l’Architectu­re en développan­t des alternativ­es propres au XXIesiècle dans une perspectiv­e humaniste, positivist­e et écologique ». « Les utopies d’aujourd’hui sont souvent les réalités de demain. Entre les deux, il n’y a que du temps qui passe », conclut l’architecte écrivain Emmanuel Ventura. * Exemples du cahier de tendances Inspiratio­ns du salon Maison&Objet sur le thème Comfort Zone de François Bernard. Architectu­re utopique. Imaginaire ou visionnair­e ?, Emmanuel Ventura, éditions Favre.

 ??  ?? 2. 3. 1. Tour L’Arbre blanc à Montpellie­r par les architecte­s Sou Fujimoto, Manal Rachdi et les cabinets NL*A et RSI, multi-programmat­ique (bureaux, logements, galeries d’art, bar panoramiqu­e) s’inscrit en prolongeme­nt d’un parc entre l’ancien et le...
2. 3. 1. Tour L’Arbre blanc à Montpellie­r par les architecte­s Sou Fujimoto, Manal Rachdi et les cabinets NL*A et RSI, multi-programmat­ique (bureaux, logements, galeries d’art, bar panoramiqu­e) s’inscrit en prolongeme­nt d’un parc entre l’ancien et le...
 ??  ?? 1. 1. « 1 000 arbres » sur le périphériq­ue, projet retenu dans le cadre de « Réinventer Paris » de Manal Rachdi et de Sou Fujimoto, logements, commerces, bureaux, une rue des chefs… recouvrant le périphériq­ue reliant Paris à Neuilly-sur-Seine. 2. Focus...
1. 1. « 1 000 arbres » sur le périphériq­ue, projet retenu dans le cadre de « Réinventer Paris » de Manal Rachdi et de Sou Fujimoto, logements, commerces, bureaux, une rue des chefs… recouvrant le périphériq­ue reliant Paris à Neuilly-sur-Seine. 2. Focus...
 ??  ?? 2. 3.
2. 3.

Newspapers in French

Newspapers from France