EN MODE DÉMODÉ
Histoire de femmes, histoire d’une croyance aux choses qui comptent et qui durent, histoire d’un projet qui vient de naître, histoire d’un univers où la singularité et le droit à la différence ont toute leur place. Histoire de « Démodé ».
Sur la table de chevet, le livre de Michel Chaillou, Éloge du démodé. L’auteur célèbre dans cet ouvrage-manifeste, tout ce qui n’est pas « dans le vent ». Exit la branchitude, la mode qui se démode… Place au contre-courant, à l’anti-goût du jour, à la permanence des choses. Voici de quoi mieux décoder un projet qui prône, lui aussi, l’inverse de la tendance et se délecte du singulier. Autre référence qui illustre l’esprit de « Démodé », cette phrase : « Je représente des fleurs qui fanent, qui sont en train de mourir tout en laissant place à la graine nouvelle. Ce memento M. c’est l’instant où la beauté de la nature nous rappelle l’insignifiance de nos vies et révèle alors peut-être la gravité de notre suffisance. » Pas d’emphase mais des mots, qui repérés entre tous, pèsent de tout leur sens. Ils sont ceux du peintre Gaël Davrinche. L’artiste est le premier invité de « Démodé ». Une histoire en cours d’écriture qui réunit trois femmes, trois générations, trois personnalités. Chacune ayant apporté une pierre à l’édifice, pour ne pas dire jeu de piste. L’idée trouve sa mise en forme, entre la création d’un e-shop, qui accueille un univers à part entière, et celle d’un pop-up store, le temps d’une collection, d’un thème, d’une association… Pourquoi Démodé ? Réponse collégiale « Parce que ce qui est beau ne l’est jamais ! » ou comment ne pas se laisser enfermer dans le diktat de tendances intrusives. Pour cela, afficher haut et fort son droit à la chose démodée, singulière. Une intention commune où le style est plus remarquable que la mode. Même chose, côté déco, où l’on préférera les ambiances personnelles, le confort, la convivialité, la justesse des proportions, l’accord des couleurs, la simplicité doublée de qualité, l’utilement beau, le pratique raffiné, les talents à partager… Le site présentera une sélection mode, des collections parfumées, des lignes de beauté et tout autant de surprises. En attendant d’avoir trouvé leur endroit, elles poseront leur histoire dans des lieux inspirants. Le premier acte « Un artiste chez soi » est né d’une association avec l’artiste Gaël Davrinche. Présenté depuis septembre chez Tourette, un ancien bistrot devenu vitrine éphémère, la marque installe son esprit pour « tenter d’inventer tout un art du démodé » toujours selon les mots de Michel Chaillou. Se souvenir que Marie-France Cohen a créé avec son mari Bernard, des lieux qui racontent toujours quelque chose. L’enfance pour Bonpoint, un espace de rencontres entre mode, déco, cuisine et évènements pour Merci. Nouveau chapitre aujourd’hui avec Stéphanie, sa belle-fille et Elysa Masliah, sans oublier Justine qui de sa jeunesse « tient tête à nos éventuelles convictions ». Pour comprendre mieux leur inspiration, entrer dans la maison de l’une des trois. Celle de Marie-France. L’endroit est un recueil de vie où l’existence a réuni tout ce qui compte. Souvenirs, livres, instants d’art, photos d’amis, poèmes d’enfants, objets de tous les jours et tout ce que le temps empile, aligne, superpose. Marie-France se dit volontiers « traversée par la mode sans pour autant vouloir s’y soumettre. » Elle ajoute « J’adore réaliser des lieux. Bonpoint comme Merci tenaient autant de la boutique que de la maison. » Sur deux étages, l’immeuble-maison encadre un petit jardin sauvage qui accueille toutes les hauteurs de fleurs et d’herbes. À l’intérieur, les pièces se succèdent par un jeu de portes en enfilade. L’entrée donne sur le bureau qui donne sur le salon, pour accéder à une bibliothèque ouverte sur la salle à manger et la cuisine. À l’étage, même enchaînement de pièces avec vue sur jardin. Marie- France aime la lumière, s’entoure d’objets dont la seule présence est rassurante. Un univers bienveillant à l’image du projet qui nous invite à assumer nos envies autant que nos goûts. Aussi singuliers ou démodés soient-ils !