Vivre Côté Paris

AU NOM DU VÊTEMENT

BIENTÔT DIX ANS QU’IL A TIRÉ SA RÉVÉRENCE. LE CRÉATEUR BELGE MARTIN MARGIELA INSPIRE PLUS QUE JAMAIS. PREUVE EN HABIT ET TÊTE À L’ « ANVERS » DANS LA PREMIÈRE RÉTROSPECT­IVE COUSUE PAR GALLIERA.

- PAR Virginie Bertrand

Margiela… Plus qu’un créateur phare de la planète mode, l’artiste satellite de ce monde qu’il a bousculé. Dès sa sortie de l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers et après trois ans au côté de Jean Paul Gaultier, il lance son atelier. Il casse les codes, amplifie les volumes, multiplie les expériment­ations. Sans jamais déroger au fameux tayloring, l’art de la coupe. Ses défilés se font happening dans des endroits improbable­s, du terrain vague aux entrepôts de la SNCF ou simplement éclairés à la bougie, des mannequins amis, masqués de gaze. Jusqu’à luimême disparaîtr­e, physiqueme­nt, pour laisser parler le vêtement. Son étiquette de sept centimètre­s sur trois, cousue par quatre gros points à la main, est totalement blanche. Comme une page qui reste à écrire. Vestes à l’envers quand elles ne sont pas en perruques, gilets d’affiches de métro contrecoll­ées, plastron de porcelaine cassée, jean peint en blanc, pulls en chaussette­s de l’armée… La journalist­e Élisabeth Paillié, grande plume de mode titrait « Recyclage poétique du réel »: « Il s’est offert le luxe de la radicalité. Balayant les règles établies, défiant le système et le monde de la mode. Respect. En pleine ère glamour, il a imposé sa différence dérangeant­e et troublée avec son esthétique paupériste à la fois sensuelle et pudique, ourlée d’un savoir-faire magistral… Il pille fripes, puces et autres marchés second hand, déconstrui­t et réinvente un nouveau vêtement, un nouvel accessoire, emprunts de mémoire et d’une réalité porteuse de ce savoir-faire main qu’il vénère. » Olivier Saillard, qui a élaboré avec Alexandre Samson, l’exposition « Margiela/Galliera », précise dans le Figaro :« Ce qui me frappe chez Margiela, c’est qu’un vêtement est toujours un souvenir de vêtement. Il est le premier designer à avoir discuté l’antériorit­é du vêtement. Une forme de création nouvelle sans symptôme de la nouveauté. » La maison Martin Margiela spécifiait : « L’artisanat reste un élément déterminan­t. Ce sont nos racines. Et c’est aussi un message de partage et d’encouragem­ent à faire comme nous. L’artisanat c’est la joie, le défi créatif, le cadeau qu’on se donne et que l’on donne. C’est la liberté des contrainte­s. » À bon entendeur, salut. Nombreux sont ceux à l’avoir bien compris. « Margiela/Galliera, 1989-2009 », du 3 mars au 16 juillet.

PALAIS GALLIERA

10, avenue Pierre 1er de Serbie, 75116. Tél. 01 56 52 86 00. palaisgall­iera.paris.fr

 ??  ?? 1. Martin Margiela, gilet, Automne-hiver 1989-1990. 47 éclats de porcelaine et faïence. Fil de métal argenté. Fil de métal noirci. 2. Martin Margiela, vesteperru­ques et postiche, Automne-hiver 2008, collection « Artisanal », puis Printemps-été 2009....
1. Martin Margiela, gilet, Automne-hiver 1989-1990. 47 éclats de porcelaine et faïence. Fil de métal argenté. Fil de métal noirci. 2. Martin Margiela, vesteperru­ques et postiche, Automne-hiver 2008, collection « Artisanal », puis Printemps-été 2009....

Newspapers in French

Newspapers from France