L’ART PREND LE JUSTE PLI
70 ans au galop. Longchamp traverse les modes, quand le Pliage devient médium artistique.
SOIXANTE- DIX ANS AU GRAND GALOP. LONGCHAMP TRAVERSE LES ÉPOQUES, LES MERS, LES MODES, LES GÉNÉRATIONS. ADOPTÉE DANS 120 PAYS, RICHE DE SON SAC « LE PLIAGE » – LE PLUS VENDU AU MONDE –, LA MARQUE DÉFILE À NEW YORK AVEC SA COLLECTION PRÊT- À- PORTER PRINTEMPS- ÉTÉ 2019. ET SE BOOSTE À L’ART. DANS TOUTES SES DIMENSIONS.
« Depuis 1948, Longchamp est en perpétuel mouvement. C’est la marque de fabrique de notre famille : aller de l’avant, innover, toujours chercher à nous améliorer », déclare Sophie Delafontaine, directrice générale et artistique, troisième génération à la tête de la maison avec son frère Jean Cassegrain, son président. L’image du grand-père surgit immédiatement. Jean Cassegrain, dans sa civette du boulevard Poissonnière, devine que fumer est en passe de devenir à la mode. Nous sommes en 1948. Il gaine ses pipes de cuir. Devenues objets de luxe, elles partent à l’assaut du monde. Attiré par les champs de courses où se pressent les élégantes, Jean Cassegrain en emprunte le nom pour sa ligne de maroquinerie. Il demande à l’illustrateur Turenne Chevallereau d’en concevoir le logo et, en 1971, donne la première carte blanche au peintre Serge Mendjiski, figure du divisionnisme. Résultat, une véritable oeuvre d’art, un patchwork de cuir en autant de touches picturales. Depuis cette période, « l’intérêt de Longchamp pour les artistes n’a jamais faibli. Même si nous nous montrons parfois discrets dans nos engagements, l’amour de l’art est intrinsèque à la marque. Nous aimons nous nourrir de la créativité des artistes et faire se rencontrer nos univers », affirme Sophie Delafontaine qui insuffle, avec Jean Cassegrain, la culture de la création. « Le Pliage » devient la toile blanche de nombreux artistes. C’est avec un éclectisme origasmique que le sac, créé en 1993 par le fils, Philippe Cassegrain, au retour d’un voyage au Japon, se plie au désir des créateurs. Des coups de coeur ouvrent la voie à des projets complexes comme l’adaptation par Sarah Morris des toiles de la série Rio ou de son oeuvre Total Annual Solar Eclipse. La simplicité apparente des dessins de Vahram Muratyan (auteur du livre graphique Paris vs New York), inspirés de la technique des origamis, a généré des recherches de textures. Cette pratique débridée de la création à plusieurs mains autorise toutes les audaces. Parmi les croisements les plus impromptus de créateurs, les Américains Jeremy Scott, très culture pop, et Shayne Oliver, fondateur du collectif mode Hood by Hair, élevé à la culture queer. D’autres artistes aussi éloignés dans leur expression que dans leur cote se rencontrent : Tracey Emin, figure de proue
de l’art contemporain britannique, et l’artiste belge Jean-Luc Moerman, avec ses tatouages sur des personnages célèbres, ou, pour sa dernière série limitée, la dessinatrice Clo’e Floirat. Longchamp amplifie sa dynamique culturelle en affichant l’art dans la rue. La maison lance les Artwalk. L’idée de Jean Cassegrain est de profiter des travaux des nouvelles boutiques amirales pour donner, encore une fois, carte blanche à un artiste. Format XXL. Ainsi, pour la rénovation de la boutique Longchamp Saint-Honoré, en 2016, il fait appel à Ryan McGinness qui décline son univers peuplé d’icônes et de symboles sur 10 000 m2. « Un chantier aussi important mérite un geste spectaculaire. Notre marque aime aller là où on ne l’attend pas. Ce projet exceptionnel et innovant en témoigne. J’ai rencontré Ryan il y a dix ans à New York et je le suis depuis. Son travail dégage une énergie qui est en phase avec celle du croisement des rues devant notre boutique » , expliquait-il lors de l’inauguration. À New York, les promeneurs de la 5e avenue ont suivi, durant le chantier, les entrelacs de l’artiste parisien Remed. À l’ouverture, la toile peinte a laissé place à une sculpture de Carlos Cruz-Diez, figure historique de l’art cinétique et optique. À Londres, deux installations dialoguent à Regent Street : le mobile du collectif Troika et la fresque irradiante de Maya Hayuk. À Shanghai, on retrouve la même énergie dans les couleurs de Franz Ackermann. La maison Longchamp affirme aussi sa présence à la Cité radieuse de Le Corbusier, à Marseille. La marque devient mécène du MaMo, inauguré sur le toit de l’immeuble à l’initiative du designer Ora-ïto en 2013. Les anamorphoses de Felice Varini reçoivent le premier soutien à la production et donnent lieu à une édition spéciale du sac « Le Pliage ». L’artiste suisse y décline l’une de ses oeuvres phares, Rebonds par les pôles, pour une édition à 150 exemplaires au prix de 180 euros. Suivent les artistes conceptuels Jean-Pierre Raynaud et Olivier Mosset. Inspirez. Collectionnez. L’affaire est dans le sac.