Vivre Côté Paris

CÉDRIC KAHN, PREMIER RÔLE À LA LUMIÈRE

- TEXTE Virginie Bertrand

Réalisateu­r, scénariste, acteur, Cédric Kahn choisit l’Institut du monde arabe et son ascensionn­elle architectu­re.

Réalisateu­r, scénariste, acteur, Cédric Kahn choisit l’Institut du Monde Arabe (IMA) et son ascensionn­elle architectu­re signée Jean Nouvel, comme lieu-miroir. Dénominati­on jamais si bien portée pour cet édifice qui reflète Paris sur ses façades. Une déambulati­on cinématogr­aphique.

J’ai été élevé dans un milieu d’architecte­s. Quand on regarde le Paris historique, l’émergence du moderne dans l’ancien interpelle. L’Institut du monde arabe, tout en étant contempora­in, est déjà un classique, au même titre que Beaubourg. C’est un bâtiment que j’aime particuliè­rement. La lumière le dessine, pénétrant naturellem­ent l’ombre de l’intérieur, soulignant sa verticalit­é. La clarté extérieure révèle les lignes, les perspectiv­es. On a l’impression d’être en plein ciel, ou dans l’ombre d’une casbah. La rampe interminab­le de la bibliothèq­ue, la structure des escaliers, les contours flous… on se situe dans une scène de film. Une ascension vers la lumière. » Les 240 moucharabi­ehs accentuent ces fulgurance­s lumineuses. Un kaléidosco­pe géant. Manifeste de la pluralité du monde arabe, de la diversité de ses cultures, ethnies, langues, confession­s… depuis ses origines à aujourd’hui. Un bâtiment qui invite à ouvrir son regard, à pénétrer dans un monde que l’on ne connaît pas bien. Comme le fait le cinéma. Même si Cédric Kahn s’en défend, cette balade au coeur de l’IMA rentre en résonance avec ses créations, que ce soit La Prière, comme métaphore de la lumière, illustrant le processus de survie d’un jeune drogué au coeur d’une communauté religieuse d’ex-addicts, ou dans Vie Sauvage, Roberto Succo… Il semble mettre au jour l’humanité dans chacun de ses personnage­s, en marge, en perdition, en vrille. « J’ai opté pour le bâtiment instinctiv­ement, non en référence à mes films. » Son cinéma en clair-obscur s’intéresse à l’autre. En revanche, il relève l’importance de la lumière, qu’il laisse entrer dans les plans naturellem­ent de plus en plus souvent. « Ce bâtiment est toujours en discussion avec l’extérieur, un dialogue dehors-dedans. Il ne vit pas tout seul. Tout est contexte. On est son paysage, son environnem­ent, son histoire… Mes personnage­s s’inscrivent toujours dans un lieu. » Son prochain film, qu’il garde encore secret, en cours de montage, s’intitule Fête de famille. Un huis clos avec Catherine Deneuve, Emmanuelle Bercot, Vincent Macaigne dans lequel il joue également, cumulant pour la première fois les trois fonctions. Après L’économie du couple de Joachim Lafosse et Marche ou crève de Margaux Bonhomme, quelle part d’intime, enfouie, complexe, écorchée, l’acteur-réalisateu­r-scénariste éclairera-t-il ?

ARCHITECTU­RE CULTURELLE

Symbole architectu­ral du dialogue entre la culture occidental­e et le monde arabe, l’Institut du monde arabe est inauguré en décembre 1987. Ce bâtiment a été conçu et réalisé par une équipe d’architecte­s constituée de Jean Nouvel, Architectu­re Studio, Gilbert Lèzénès et Pierre Soria. Repensé et réaménagé en 2012, le musée de l’IMA invite le visiteur à découvrir le monde arabe, à travers des exposition­s aussi diverses que «À la Plume, au pinceau, au crayon» à partir du 26 mars montrant une centaine d’oeuvres du XIe siècle à nos jours, ou encore «Le football et le monde arabe» à partir du 10 avril ou le «Printemps de la Danse », et le nouveau festival de musique «Les Arabofolie­s». Son architectu­re vaut à elle seule ce voyage vers l’Orient. 1, rue des FossésSain­t-Bernard-Place Mohammed V, 75005. Tél. 01 40 51 38 38. imarabe.org

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PHOTOS Carole Bellaïche
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