CÉDRIC KAHN, PREMIER RÔLE À LA LUMIÈRE
Réalisateur, scénariste, acteur, Cédric Kahn choisit l’Institut du monde arabe et son ascensionnelle architecture.
Réalisateur, scénariste, acteur, Cédric Kahn choisit l’Institut du Monde Arabe (IMA) et son ascensionnelle architecture signée Jean Nouvel, comme lieu-miroir. Dénomination jamais si bien portée pour cet édifice qui reflète Paris sur ses façades. Une déambulation cinématographique.
J’ai été élevé dans un milieu d’architectes. Quand on regarde le Paris historique, l’émergence du moderne dans l’ancien interpelle. L’Institut du monde arabe, tout en étant contemporain, est déjà un classique, au même titre que Beaubourg. C’est un bâtiment que j’aime particulièrement. La lumière le dessine, pénétrant naturellement l’ombre de l’intérieur, soulignant sa verticalité. La clarté extérieure révèle les lignes, les perspectives. On a l’impression d’être en plein ciel, ou dans l’ombre d’une casbah. La rampe interminable de la bibliothèque, la structure des escaliers, les contours flous… on se situe dans une scène de film. Une ascension vers la lumière. » Les 240 moucharabiehs accentuent ces fulgurances lumineuses. Un kaléidoscope géant. Manifeste de la pluralité du monde arabe, de la diversité de ses cultures, ethnies, langues, confessions… depuis ses origines à aujourd’hui. Un bâtiment qui invite à ouvrir son regard, à pénétrer dans un monde que l’on ne connaît pas bien. Comme le fait le cinéma. Même si Cédric Kahn s’en défend, cette balade au coeur de l’IMA rentre en résonance avec ses créations, que ce soit La Prière, comme métaphore de la lumière, illustrant le processus de survie d’un jeune drogué au coeur d’une communauté religieuse d’ex-addicts, ou dans Vie Sauvage, Roberto Succo… Il semble mettre au jour l’humanité dans chacun de ses personnages, en marge, en perdition, en vrille. « J’ai opté pour le bâtiment instinctivement, non en référence à mes films. » Son cinéma en clair-obscur s’intéresse à l’autre. En revanche, il relève l’importance de la lumière, qu’il laisse entrer dans les plans naturellement de plus en plus souvent. « Ce bâtiment est toujours en discussion avec l’extérieur, un dialogue dehors-dedans. Il ne vit pas tout seul. Tout est contexte. On est son paysage, son environnement, son histoire… Mes personnages s’inscrivent toujours dans un lieu. » Son prochain film, qu’il garde encore secret, en cours de montage, s’intitule Fête de famille. Un huis clos avec Catherine Deneuve, Emmanuelle Bercot, Vincent Macaigne dans lequel il joue également, cumulant pour la première fois les trois fonctions. Après L’économie du couple de Joachim Lafosse et Marche ou crève de Margaux Bonhomme, quelle part d’intime, enfouie, complexe, écorchée, l’acteur-réalisateur-scénariste éclairera-t-il ?
ARCHITECTURE CULTURELLE
Symbole architectural du dialogue entre la culture occidentale et le monde arabe, l’Institut du monde arabe est inauguré en décembre 1987. Ce bâtiment a été conçu et réalisé par une équipe d’architectes constituée de Jean Nouvel, Architecture Studio, Gilbert Lèzénès et Pierre Soria. Repensé et réaménagé en 2012, le musée de l’IMA invite le visiteur à découvrir le monde arabe, à travers des expositions aussi diverses que «À la Plume, au pinceau, au crayon» à partir du 26 mars montrant une centaine d’oeuvres du XIe siècle à nos jours, ou encore «Le football et le monde arabe» à partir du 10 avril ou le «Printemps de la Danse », et le nouveau festival de musique «Les Arabofolies». Son architecture vaut à elle seule ce voyage vers l’Orient. 1, rue des FossésSaint-Bernard-Place Mohammed V, 75005. Tél. 01 40 51 38 38. imarabe.org