Vivre Côté Paris

SUPPLÉMENT D’ÂME

- PAR Virginie Bertrand

Après l’Officine Buly, Victoire de Taillac et Ramdane Touhami s’intéressen­t à l’art d’emballer.

LE COUPLE VICTOIRE DE TAILLAC ET RAMDANE TOUHAMI N’EN EST PAS À SON PREMIER ESSAI POUR RENOUER AVEC UN SAVOIR- VIVRE QUELQUE PEU MALMENÉ PAR L A FRÉNÉSIE AMBIANTE. APRÈS L A CRÉATION DE L’ OFFICINE BULY ET DU GRAND CAFÉ TORTONI, I LS SE CONSACRENT À L’ ART D’EMBALLER.

« Géométriqu­e, rigoureuse­ment dessiné et pourtant toujours signé quelque part d’un pli, d’un noeud, asymétriqu­e, par le soin, la technique même de sa confection, le jeu du carton, du bois, du papier, des rubans, il n’est plus l’accessoire passager de l’objet transporté, mais devient l’objet lui-même », écrivait Roland Barthes dans L’Empire des signes. Ramdane Touhami est un expert de ces derniers. Il a repéré durant ses voyages, les signaux des savoir-faire en péril, des marques en extinction, de l’envie montante de «déglobalis­ation» , comme il la surnomme. Au Japon, en plus de son amour pour le papier washi et danshi, son regard se pose sur l’art d’emballer : l’origata. Il en retient l’attention portée à sa confection, dans un cérémonial très codifié remontant au XIVe siècle et toujours actuel. Il s’agit de réaliser un habillage sur mesure, en fonction du présent mais aussi et surtout, de la personne à qui il est destiné et des sentiments impliqués. Dans un ballet de gestes précis, les plis se forment, se superposen­t ou se jouxtent. Leur nombre et leur sens délivrent un message. Victoire de Taillac et Ramdane Touhami ont donc poussé la démarche commencée chez Buly de personnali­sation du cadeau. Aux étiquettes

calligraph­iées, aux initiales gravées, s’ajoute la vêture du paquet. Ils lui dédient un espace à part entière, sous verrière, dans la cour arrière de l’Officine Buly. Baptisé Le Comptoir des Services, il en dessine le meuble mural de présentati­on des feuilles sélectionn­ées auprès d’un papetier renommé de Kyoto. Elle l’anime avec des experts maison. Bruno le calligraph­e s’est formé pendant des années au Scriptoriu­m de Toulouse, maintenant fermé. « C’est une idée poétique. Nous voulons montrer que l’attention aux choses est aussi importante que la chose elle-même. Les gens pourront nous amener évidemment leurs présents achetés ailleurs. Ils choisissen­t le papier, le ruban, la gravure et nous échangeons sur la façon d’emballer. » Une éducation très sentimenta­le.

Pour s’y rendre, il faut passer par l’Officine

Buly couplée au Grand Café Tortoni. Les feuilles de papier entières coûtent entre

10 et 20 euros, l’étiquette calligraph­iée

2 euros, la gravure des initiales 1,50 euro et l’emballage classique est offert.

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PHOTOS Nathalie Baetens
 ??  ?? 1. 4. 2. 5. 3. 6. 1. Étiquette personnali­sée. 2. Fauteuils 1930 chinés. 3. Exemple de paquet réalisé dans un papier texturé. 4. Une roue de jeux dénichée sur un marché aux Puces. 5. Gravure du prénom sur un peigne en corne et un choix de multiples rubans. 6. La grande bibliothèq­ue de papiers washi et dashi, sérigraphi­és à la feuille, et la vitrine 1950 qui accueille des fleurs séchées en souvenir du fleuriste qui occupait le lieu avant. Une adresse unique où le temps se met entre parenthèse­s, seuls comptent les gestes sublimant le présent.
1. 4. 2. 5. 3. 6. 1. Étiquette personnali­sée. 2. Fauteuils 1930 chinés. 3. Exemple de paquet réalisé dans un papier texturé. 4. Une roue de jeux dénichée sur un marché aux Puces. 5. Gravure du prénom sur un peigne en corne et un choix de multiples rubans. 6. La grande bibliothèq­ue de papiers washi et dashi, sérigraphi­és à la feuille, et la vitrine 1950 qui accueille des fleurs séchées en souvenir du fleuriste qui occupait le lieu avant. Une adresse unique où le temps se met entre parenthèse­s, seuls comptent les gestes sublimant le présent.

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