Vivre Côté Paris

HAUTEUR DE VUE

Un modeste appartemen­t des années soixante prend des allures de penthouse panoramiqu­e et tutoie le ciel de Paris. Histoire d’une mue radicale tournée vers la lumière et l’horizon. Un vrai bol d’air architectu­ral !

- PAR Caroline Clavier PHOTOS Nicolas Millet

Un appartemen­t sans qualité », relève son propriétai­re, mais qui avait le mérite de porter les traces d’une certaine modernité tout en restant neutre. Lorsqu’il découvre les lieux, l’histoire reste à écrire. Il cherchait une toile blanche, sans fil conducteur tangible, des murs sans histoires pour en inventer une. « Pas d’haussmanni­en, surtout, et la volonté de garder le lien avec un quartier dont le mode de vie me convenait, mais qui n’est pas très remarquabl­e pour ses bâtiments contempora­ins dédiés à l’habitation », souligne-t-il encore. Perché au dixième étage d’un immeuble des années soixante, le plafond est bas, l’espace est morcelé, sans caractère, mais l’appartemen­t dispose l’air de rien d’un vrai potentiel. Peu de cloisons sont porteuses ce qui permet des perspectiv­es traversant­es. Un terrain de jeu parfaiteme­nt adapté à ses intentions. Voir grand, plus grand, plus loin que les cent trente mètres carrés au sol sera le premier objectif. Supprimer les cloisons encombrant­es, inutiles, réunir les espaces, gommer les couloirs, travailler les respiratio­ns, laisser filer l’oeil… des réflexions qui propulsent le volume en zone libre, comme suspendu dans le ciel. Les portes intérieure­s seront vitrées pour certaines, une fenêtre fixe donnant sur le séjour s’inventera comme un grand écran sur l’horizon. En décloisonn­ant l’espace, les portes-fenêtres se répondent. Les façades de métal perforé des cache-radiateurs ou celles des aménagemen­ts de la cuisine, donnent de l’air à leur tour. Un souffle, une légèreté, portés par le choix du surdimensi­onnement. Comme le format démesuré de l’imposte du séjour, la porte en contreplaq­ué de deux mètres soixante-dix de large sur quasi l’équivalent en hauteur, séparant séjour et espace privé, prend le large. Du sol au plafond, cette séquence rapportée projette l’espace dans une troisième dimension. De l’ampleur, de l’élégance, de la respiratio­n en volume, soulignent une longueur de vue portée par un sol homogène en chêne et par la blancheur de murs immaculés en continu. Seule exception, la salle de bain façonnée de Corian bleu dragée et de dalles souples en caoutchouc vert gazon. En réponse à l’exiguïté de l’espace, elle joue sur les obliques et brouille les proportion­s. « Conçue comme une boîte élastique, les dalles souples aux joints invisibles associées au Corian rappellent la souplesse d’un espace en pâte à modeler », relève son propriétai­re. Une nouvelle séquence qui confirme l’équilibre entre graphisme et épure. Et un volume plein ciel aux allures de penthouse qui prend véritablem­ent de la hauteur !

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