DÉCOR D’ARTISTES
L’appartement d’Elisabeth Delacarte illustre sa passion pour les arts décoratifs engagée depuis plus de trente ans au sein de la galerie Avant-Scène. Poésie et lignes fantasques cisèlent ses murs d’un raffinement en demi-teinte. Un écrin feutré célébrant
Chez elle, Elisabeth Delacarte illustre sa passion pour les arts décoratifs engagée depuis plus de trente ans au sein de la galerie Avant-Scène.
Au premier coup d’oeil on saisit la structure haussmannienne des volumes tournés vers la transparence. En préambule, une entrée d’où rayonnent en étoile des portes vitrées désignant chaque pièce: une vraie salle à manger, un vrai bureau… puis un couloir menant vers les chambres, où l’on retrouve la distribution d’origine. À première vue tout semble filer droit, mais la ligne chez Elisabeth Delacarte a toujours fait voeu de liberté. L’élégante retenue de ses 250 mètres carrés, caressés par une lumière douce, entraîne l’air de rien vers une fantaisie teintée de surréalisme. Un canapé à méandres, une tête de lit façonnée de pastilles en macarons, un lustre comme un chemin de bulles de verre acidulé… tout ici conduit à l’imaginaire, de nuances voilées en demi-teintes, ou encore nacrées, gris perle et parme jusqu’au toucher de velours. Tapis grand format, moquette velours, textile déployé, le raffinement se confronte à la malice d’un mobilier imprévisible. Les effets de matière s’illustrent partout, ils texturent les murs de patine brossée, d’enduit ferré… Le fer forgé, le plâtre, la résine, jusqu’aux finitions en or, déclinent reflets et reliefs. Un écrin qui célèbre la créativité des artistes représentés depuis des années par la galeriste et décoratrice d’intérieur. À l’époque où le design et la production industrielle s’imposaient dans les années 1980, Elisabeth Delacarte avance à contre-courant et se tourne vers les arts décoratifs en ouvrant la galerie Avant-Scène. Depuis plus de trente ans aux côtés de ses artistes, cette visionnaire accompagne la production du mobilier d’art et cultive l’exception, l’excellence de la pièce unique. Andrée Putman, Pierre Chareau et Robert Mallet-Stevens seront les premiers à y être exposés. Puis, viendra l’édition de collections spéciales. Celle de Thierry Peltrault qu’elle fait plancher sur une série en Triply. Un matériau pauvre travaillé avec l’exigence d’un savoir-faire maîtrisé. Des contrastes qui marquent l’identité du lieu. Comme le travail des «ferrailleurs anglais» avec André Dubreuil, Tom Dixon et Mark Brazier-Jones ou le mouvement baroque de Garouste & Bonetti. En 1991 c’est Franck Evennou qui fait l’objet d’une exposition puis plus tard Hubert Le Gall, tous fidèles à la galeriste. Preuve de cette complicité, la galerie Avant-Scène présentera, du 15 octobre au 14 novembre, «Une fantaisie grecque» avec une partie des pièces que ce dernier aura créées pour l’exposition du même nom, initiée par le Centre des monuments nationaux, à la villa Kérylos de Beaulieu-sur-Mer, du 16 mai au 28 septembre.