L’ART ET LA MATIÈRE
L’exposition « Matières à l’oeuvre » invite à un parcours au coeur du Mobilier national.
PAR QUELS PROCESSUS CRÉATIFS, SAVOIR-FAIRE, VISIONS INNOVANTES, LE BOIS, LES FIBRES, LE MÉTAL, LES PIERRES DEVIENNENT-ILS PIÈCES D’EXCEPTION ENTRE LES MAINS DES ARTISANS D’ART ? L’EXPOSITION « MATIÈRES À L’OEUVRE » DES JEMA – JOURNÉES EUROPÉENNES DES MÉTIERS D’ART – INVITE À UN PARCOURS INITIATIQUE AU COEUR DU MOBILIER NATIONAL.
Le rendez-vous 2020 sous l’égide de l’Institut des Métiers d’Art et conçu par Henri Jobbé-Duval, commissaire de l’événement et à l’origine de la Fiac, mêle pour la première fois artistes et artisans d’art. Carte Blanche est donnée à la sculptrice américaine Sheila Hicks, pionnière dans l’utilisation du fil comme médium, reconnue internationalement, saluée par le Centre Pompidou qui lui organisa une grande rétrospective « Lignes de vie» en 2018. Elle travaille la laine, matière qui appartient depuis le XVIIe siècle à l’histoire du Mobilier national et de ses manufactures de tapis et tapisseries, et qui, dans le cadre de cette commande artistique, ne provient que de troupeaux français, fait assez rare et engagé. « Matières-Sources », « Matières Recyclées-Augmentées », « Matières Rêvées» séquencent les réalisations et les démonstrations des artisans d’art. Dans un premier espace, la nature comme source vive d’inspiration. La laine du Massif Central devient feutre hérissé de couleurs pastel entre les doigts de Laurine Malengreau, les chênes de Normandie se courbent à la dextérité de la tonnellerie Desfrièches, le liège du Var se marie à la faïence de Salernes dans une suspension créée par Jeanne
Guyon, diplômée de l’École Boulle en design urbain, mobilier et scénographie. L’osier, le granit de Bretagne, le chanvre… tous se prêtent à interprétation. La deuxième partie met en avant les matières nouvelles hybridées, recyclées. Le cuir de poisson se teinte sans sels de chrome chez ICTYOS, le bois devient souple, en marqueterie sur textile ou caoutchouc avec Steven Leprizé. Le troisième volet traite des matières à rêver, les plumes de Prune Faux, le parchemin de Matéo Crémades, la laque de l’Atelier Maury, le verre des ateliers Bernard Pictet. Les artisans d’art préfigurent, dans l’ingéniosité de matières inédites avec des gestes toujours perfectionnés, ce qui demain pourra donner lieu à des procédés durables et responsables. Un autre maillage possible entre générations, designers, artistes et artisans. Le pluridisciplinaire britannique
William Morris n’est jamais loin.