ROSE POUDRÉ
PAGE DE GAUCHE
Dans la chambre, sur la mezzanine, parure de lit en lin provenant du trousseau de mariage de la grandmère de Shourouk. Dessus, un
châle de Manille, acheté à Madrid. Collection de poissons brodés de sequins, tous chinés en Tunisie. Sur la table de chevet, lampe « Bourgie » de Ferruccio Laviani, Kartell, et rideau filet, chiné en Bretagne.
PAGE DE DROITE 1.
manton de Manilla, et un textile brodé de sequins et de cannetilles, des fils d’or.
Livre chiné et détail des draps brodés au point de Nabeul.
2.
Shourouk a gardé l’émerveillement candide face à l’éclat d’un bijou. Elle a le goût des trésors et des écrins secrets. La coquetterie est une affaire de famille. Les jours de fête, en Tunisie, sa mère et ses tantes faisaient de leurs préparatifs, un rituel de spectacle dédié à l’apparat. Ces instantanés sucrés, parfumés de fleur d’oranger, brassés de textiles brodés et d’impressions au féminin ouvrent les premières perspectives de la créatrice. Plus tard, à Paris, dans une maison où la télévision est reine, la jeune Shourouk dévore la pop culture des années quatre-vingt. Des séries de soap opera où la silhouette des héroïnes « bling » la fascine tout autant que le caractère de Diana Vreeland et de Frida Kahlo. Elle aime le spectacle, veut capter la lumière et sublimer le féminin. En quittant le studio Berçot, elle est repérée par la maison de couture Chloé, puis fait son entrée chez Galliano, où ses accessoires brodés sont remarqués par la planète mode. Très vite, elle lance sa propre marque et fait de son prénom – Lever du soleil, en tunisien – le visage de l’enseigne. Les vrais-faux bijoux de Chanel, les pièces fantaisies de Christian Lacroix l’éblouissent et Frida Kahlo l’inspire dans son art du style. La liberté d’expression de l’artiste mexicaine et son rapport unique aux bijoux-talismans affûtent ses inspirations, éclairent ses créations. Broder les cristaux, inventer des parures XXL, qui soulignent les bras, le décolleté, les mains, stimulent la créatrice. Bientôt ses collections gagnent les plateaux de cinéma, elle crée pour la série américaine Gossip Girl, le film Sex and the City ou encore pour Marie Gillain dans Speakerine sur France 2. Mais aussi pour Michelle Obama, Beyoncé… Philippe Starck l’invite à son tour à réinterpréter la chaise « Joa Sekoya » pour la Design Week de Milan, l’enseigne Sephora lui demande de customiser des conditionnements et le Lido tombe sous le charme de ses pièces. Ses collaborations avec Swarovski sont aujourd’hui à l’origine d’un nouvel élan. Entre performance et fantaisie artistique, l’exposition « Ordinary Life » présentée à Vienne par la marque autrichienne lui propose de métamorphoser d’un esprit glamour, l’objet quotidien. Gainés de cristal, « strassés », les produits ménagers, les boîtes de conserve prennent l’allure de pièces précieuses. Une aubaine pour la créatrice fascinée par la publicité de son enfance. Dans son atelier-maison qui fut, dit-on, l’un des refuges de Modigliani, Shourouk vit à ciel ouvert sous une immense verrière et cultive les idées, les envies dans une frénésie végétale grandeur nature. La mode, les bijoux, les textiles, la Tunisie, les voyages, l’humour, l’hospitalité, la joie, l’esprit bohème qui la caractérise, illuminent son écrin parisien.