TOUS ENSEMBLE
COMME DANS UN FILM
Évidemment Alain Roulleau, propriétaire de père en fils, du mythique Studio 28, ne saurait démentir. Pénétrer dans le hall rouge écarlate du cinéma, avec ses coupures de presse de 1930 témoignant du saccage de la salle et des oeuvres de Marx Ernst par des extrémistes contre L’Âge d’or de Bunuel, c’est déjà rentrer dans le récit. «J’ai réussi à faire une salle à la pointe de la technologie et historique, ici on vient déguster de la pellicule sous les lustres de Jean Cocteau.» Carmet, Truffaut, Lelouch, Minnelli, Jeunet… nombreux sont les réalisateurs qui ont donné à Montmartre le rôle principal. La designer Maryam Mahdavi vient de quitter son perchoir du quartier mais n’oublie pas que «Le soir, ici, ce sont Les Aristochats. Je voulais un pied-à-terre qui aurait pu avoir le premier rôle dans un film de Woody Allen. D’ailleurs de nombreuses scènes de Minuit à Paris se sont tournées juste en bas.». Antoine Ricardou croque, au sens propre et au figuré, la douceur d’y vivre: «les meilleures tartes du monde aux Petits Mitrons, les chouquettes à la crème de mon amie Sandra, la baguette sauvage de la boulangerie franco-japonaise de Boris Lumé». Puis rentrent en scène d’étonnantes personnalités. Antoine présente Krimo et son garage caché au fond d’un parking. Triple natte grise, casquette vissée sur la tête, bleu de travail encré de graisse de moteur, le spécialiste des Porsche 911 émerge de son capharnaüm. Il les préfère d’avant 1993, avec refroidissement à air: «Rentrer dans une ancienne, c’est sentir les odeurs, prendre la route ». Celui d’emmener ailleurs n’est pas le moindre, en parfait Montmartrois.
PAGE DE GAUCHE
Les lustres de Jean Cocteau semblent jaillir des murs de la salle mythique du Studio 28.
PAGE DE DROITE
1. À la terrasse de la brasserie La Mascotte, le dandy Erik K, alter ego de la photographe Léa Lund dont les images transcendent le temps. 2, 3. Sablé en forme de Sacré-Coeur de la Compagnie Générale de Biscuiterie de Montmartre, créée à l’initiative d’Alain de la Rochère, avocat avant de se lancer dans les saveurs et douceurs.
4. La pâtisserie francojaponaise de Boris Lumé et de sa femme Mihoma, en miroir contemporain de sa boulangerie, rue Caulaincourt, classée monument historique.
5. Le Studio 28, cinéma de quartier.
6. Shinya Inagaki vient d’ouvrir dans une minuscule échoppe. Le matin, il confectionne miches, scones, foccacias à partir de farines bio et de levain dont il garde le secret.
7. Comme en famille, chez le marchand de quatre-saisons Au Verger des Abbesses.
8, 9. À chacun sa madeleine de Proust ! Gilles Marchal, l’interprète aux zestes d’agrumes, à la vanille de Madagascar, aux figues… dans la plus pure tradition de sa terre natale, la Lorraine.