FRÉDÉRIC PIERROT ACTEUR DE PRÉCISION
Il a imprimé la saison 1 d’«En thérapie» diffusée sur Arte, marqué les trente-cinq épisodes de ses silences prolongés, ouvert des brèches, réveillé des fragilités… Frédéric Pierrot, s’apprête à redevenir Philippe Dayan, analyste confirmé. Avant d’entrer e
Lors d’une visite au musée des Arts et Métiers, l’acteur Frédéric Pierrot convoque ses souvenirs et l’époque où se dessinait pour lui un avenir d’ingénieur.
ROUAGES PAGE DE GAUCHE
Pièce phare de la collection Communication, la presse typographique rotative à plieuse système Marinoni. En 1866, le constructeur mécanicien Hippolyte Marinoni livre la première presse rotative au quotidien La Liberté. C’est cette pièce phare qui a permis l’essor de la presse à grand tirage.
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Antre de la technique et du progrès, le musée des Arts et Métiers fascine l’acteur Frédéric Pierrot.
TEMPS FORTS PAGE DE GAUCHE
1. Dans la collection Communication, modèle du montage de la tête en cuivre martelé de la Statue de la Liberté. Soutenu par l’Union francoaméricaine, le projet de construction d’un monument commémoratif de l’indépendance des États-Unis se concrétise au début des années 1870. Le sculpteur Auguste Bartholdi imagine une allégorie de la Liberté brandissant un flambeau pour éclairer le monde. Défi technique, relevé par Gustave Eiffel qui conçoit un pylône en fer sur lequel seront fixées des plaques de cuivre martelé qui, une fois assemblées, formeront la statue, inaugurée en 1886, à New York. 2, 3. Comme un avion sans aile, Frédéric Pierrot dans l’église Saint-Martin-des-Champs. 4. Dans la collection Énergie, le four solaire de Mouchot et Pifre. Professeur de mathématiques, féru d’expérimentations physiques, Augustin Mouchot se consacre dès 1860 aux applications domestiques de l’énergie solaire. Son jeune associé, le centralien Abel Pifre, rachètera ses brevets et perfectionnera les modèles. L’appareil est construit avec un miroir parabolique, plaqué d’argent, au centre duquel est placée une chaudière cylindrique en cuivre noirci recouverte d’une cloche en verre.
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Frédéric Pierrot au temps des inventeurs, au coeur des expériences.
ESPRITS LIBRES PAGE DE GAUCHE
1. Dans l’église SaintMartin-des-Champs, le pendule de Foucault. Une simple sphère métallique suspendue à un filin. À l’aube des années 1850, le principe a permis de confirmer la rotation de la Terre sur son axe. 2, 4. Dans la collection Énergie, modèle de la Statue de la Liberté éclairant le monde. Ce modèle au 1/16 en plâtre peint, a été offert en 1907 au Conservatoire par la veuve de Bartholdi.
3. Frédéric Pierrot dans l’escalier d’honneur.
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Frédéric Pierrot sous l’Avion n°3 de Clément Ader, l’une des pièces emblématiques du musée. Le 9 octobre 1890, une machine volante quitte le sol d’une propriété d’Armainvilliers, sur quelques dizaines de mètres…
AVENTURE ET INVENTEUR PAGE DE GAUCHE
Dans l’église SaintMartin-des-Champs, au premier plan, l’Aéroplane biplan RU1 de Louis Breguet. À partir de 1908, le constructeur se consacre aux aéroplanes. Derrière, l’Aéroplane Blériot XI construit sur les plans de Louis Blériot (1872-1936). Au fond, l’Aéroplane Esnault-Pelterie dit REP, 1906, de l’ingénieur aéronautique Robert Esnault-Pelterie.
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Frédéric Pierrot dans l’église Saint-Martindes-Champs, au spectacle des machines et des grandes inventions.
Maquillage Élisabeth Doucet.
Dans son salon, les objets arrivent pêlemêle au regard sans tri décoratif. Des livres, des objets, des souvenirs et surtout des histoires qui les relient. Un appareil photo, des plaques photosensibles, une cafetière à piston, une carte de Sabine Réthoré, une artiste qui crée des globes terrestres géants et des cartes qui font perdre le Nord en changeant les points de vue et en inventant de nouveaux repères… Au centre de cet état des lieux, un homme qui cherche dans sa trajectoire, à comprendre ce et ceux qui l’entoure. Guidé par les rencontres, son itinéraire personnel reprend les principes de l’artiste-cartographe. Pas de frontières, l’esprit est attentif, le regard grand ouvert pour mieux nourrir les rôles qu’on lui dessine. Nombreux sont les temps forts, de Polisse de Maïwenn à Place Publique d’Agnès Jaoui, en passant par La Vie et rien d’autre et L.627 de Bertrand Tavernier. Jean-Luc Godard, Bertrand Blier, François Ozon, Roschdy Zem, Gilles Bourdos, Antoine de Caunes, Ken Loach… font appel à lui. Même intensité de rencontres au théâtre, même palmarès remarquable à la télévision jusqu’à ce rôle de psychanalyste dans la série En thérapie sur Arte. Adaptation française d’une série israélienne (BeTipul), les réalisateurs Olivier Nakache et Éric Toledano l’ont parfaitement transposée. L’histoire: en 2015, au lendemain des attentats du 13 novembre, cinq patients viennent déposer, séance après séance, leurs traumatismes, leurs angoisses, leur mal-être. L’analyste Philippe Dayan est l’épicentre de cette mise en abîme, cherchant avec eux l’origine du mal. La période de confinement a-t-elle ravivé une quête d’introspection? Toujours est-il que le succès de la série a trouvé un écho auprès d’une société en apnée. La psychanalyse se concentre sur l’inconscient et nos désordres psychiques. Comprendre les âmes, cerner les esprits revient à s’intéresser au coeur du réacteur. Frédéric Pierrot aime aussi les machines, les moteurs, l’idée de l’émancipation par l’objet, comme celle de construire de ses mains, inventer, progresser. Il s’est pourtant affranchi du sillon familial en ne devenant pas l’ingénieur que l’on s’apprêtait à faire de lui. Les lois de l’équilibre, celles de la résistance, l’intensité lumineuse, la décomposition du mouvement… le fascinent toujours pour autant. Il conservera de ce passé scientifique et technique, une recherche de précision. Il se souvient de ses grands-parents qui étaient aviateur et forgeron, évoque les dirigeables, les défis, les aventures de leur époque. De quoi s’inventer un monde plus vaste. Délaissant les maths et la physique, il s’envisage metteur en scène. Mais difficile d’apprivoiser ce métier sans en connaître les rouages. Il devient chef machino et fréquente l’atelier de Christian de Tillière. Pendant une longue période d’observation, il mène cette double vie professionnelle puis finit par sauter le pas. Il cite Henri Verneuil qui aura fait lui aussi un passage par les Arts et Métiers d’Aix-en-Provence. Désertant les réseaux sociaux, il s’attache aux rencontres, aux brassages d’idées, de connaissances. Le musée des Arts et Métiers est l’illustration émouvante des grandes heures de l’invention, de l’innovation, de l’imagination.
LE MUSÉE DES ARTS ET MÉTIERS
Son histoire est directement liée à celle du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), dont il est l’une des composantes. Établissement public de formation à mission scientifique, culturel et professionnel. Depuis 1794, les collections se sont enrichies de précieux témoins de l’évolution des savoirs scientifiques et du progrès technique. La visite propose un parcours autour de sept sections et permet de découvrir l’ancien prieuré de SaintMartin-des-Champs. Parmi les pièces d’exception, il faut citer le cabinet de physique de Jacques Alexandre Charles et le laboratoire d’Antoine Laurent de Lavoisier, la collection d’horlogerie de Louis Ferdinand Berthoud, le métier à tisser les façonnés de Jacques Vaucanson, l’Avion n°3 de Clément Ader, mais aussi la collection de machines à écrire, d’éclairages et de luminaires, les collections cinématographiques, de télégraphie et de radio diffusion… Visite virtuelle de l’exposition « Top modèles. Une leçon princière au XVIIIe siècle». 60, rue Réaumur, 75003. Tél. 01 53 01 82 63 et arts-et-metiers.net