Vivre Côté Paris

MAISON DE VERRE

- PAR Caroline Clavier PHOTOS Nicolas Millet

La mémoire de l’ancienne serre tropicale de cette maison de famille a conduit le projet de cette magistrale extension de verre. La paysagiste Jeanne Le Forestier et son mari ont posé la transparen­ce et les reflets comme une équation vitale d’une immersion nature. Une architectu­re forte et un projet vertueux éclairé par le bon sens écologique.

CUBE TRANSLUCID­E

Posée comme un cube de verre dans un jardin ponctué de pins noirs japonais, de cotonéaste­rs taillés, d’iris… L’extension de huit mètres de large sur quinze mètres de long et six mètres de hauteur a été réalisée par l’architecte Frédéric Guillierme de Wonderland

Production­s. Elle est soulignée de minces profilés « Unico »,en acier, Forster, équipés d’un système performant d’isolation thermique et de verres antieffrac­tion et anti-UV. Le rythme vertical des huisseries noires est inspiré des ouvertures des cabanes d’ostréicult­eurs du Cap Ferret.

CUISINE EN DUPLEX

À l’étage, la cuisine en couloir, est soulignée par trois suspension­s « Caravaggio XL » de Cécilie Manz, Fritz Hansen. En contrebas, la grande pièce à vivre est installée dans l’extension en verrière en rez-de-jardin. Autour des bibliothèq­ues « Parralel », AM.PM, trois appliques « Signal » de Jean Louis Domecq, Jieldé. Sellettes en métal et paulownia, Aubry Gaspard, et à gauche, sculpture Éléphant Grillage de Valérie Roubach. Sur le sol, carrelage « Buxy Carbon Luxen » en grès cérame, Cotto d’Este chez Groupe Arlequin. La finition des murs a été réalisée selon le procédé de peinture à sec Nioulasco

(lés de toile peinte), Corso Magenta.

Un grand-père architecte paysagiste, mais aussi un père, remarquabl­e botaniste – qui révolution­na en son temps la culture des orchidées par le principe de la multiplica­tion clonale – posaient ici, il y a quelques années, les débuts de cette lignée nature. Aux portes de Paris, le premier installait déjà une serre tropicale, en connexion avec la maison, foisonnant­e de goyaviers, de manguiers et d’une collection rare d’orchidées. Avec le temps, le terrain de jeu des génération­s précédente­s s’effacera. Restera la mémoire de l’époque faste, où la nature faisait ici sa loi, où intérieur et extérieur ne faisaient qu’un. Un sentiment encore vivant chez Jeanne Le Forestier, dernière à poser l’ancre dans cette maison familiale. À son arrivée, relier l’histoire de ces murs à celle de son métier de paysagiste s’impose comme une évidence. Substituer à l’ancienne serre une extension de verre, comme une maison verrière, semble parfaiteme­nt cohérent. Un juste équilibre entre passé et présent assure un lien sans rupture. Quinze mètres de long sur huit de large et six mètres de hauteur en transparen­ce viennent se greffer à la maison d’origine. Plus qu’une simple extension, l’architectu­re de verre abrite désormais l’essentiel des espaces de vie. Inspiré des ouvertures des cabanes ostréicole­s du Cap Ferret, le rythme des huisseries noires opte pour la verticalit­é. La finesse des profilés en acier, modèle «Unico» de la marque suisse Forster, offre une ligne élégante et aérienne, tout en sécurisant la partie thermique, grâce à son système d’étanchéité ultra-performant. L’intention se poursuit à l’intérieur par la présence discrète de radiateurs à ailettes encastrés le long de la verrière, des boucliers efficaces contre le froid. Une intention évidente pour ses propriétai­res qui préfèrent les courants d’air à la climatisat­ion et la récupérati­on des eaux de pluie dans une cuve d’arrosage pour leur jardin. Aimer la nature conduit à la respecter. Le défi se relève encore dans cette associatio­n du volume intérieur avec le jardin. Pas de murs qui ferment mais une vision panoramiqu­e qui remet la nature au coeur de l’architectu­re par la transparen­ce. L’enjeu prend tout son sens chez la paysagiste, partisane d’une végétation-écrin conçue dans son rapport avec l’habitat, elle multiplie les collaborat­ions avec les architecte­s notamment l’agence Demont Reynaud/PPil. Par petites touches, à la manière d’un peintre, elle invente l’équilibre de ses jardins entre spontanéit­é, structures, et saillies de couleurs, recréant sur son passage le charme du naturel. Jardin de rocaille à la japonaise, essences rares, conifères, plantes de terre de bruyère et autres espèces ramenées de voyage, composent désormais le tableau vivant de sa maison verte, transformé­e en jungle panoramiqu­e.

PANORAMIQU­ES PAGE DE GAUCHE

Côté nord, la verrière du séjour donne sur un jardin en rocaille. Sculpture Éléphant Grillage de Valérie Roubach, sellettes, en métal et paulownia, Aubry Gaspard. Calepinage sur mesure des profilés « Unico » des fenêtres verticales, Forster. OEufs d’autruche chinés.

PAGE DE DROITE

La cuisine, installée à l’étage, fait la jonction entre l’extension et la maison d’origine. Un comptoir d’appoint pour prendre ses repas, court le long du garde-corps. Suspension­s «Caravaggio XL» de Cécilie Manz, Fritz Hansen. Carreaux de ciment « 10577 », Mosaïc Factory. Intégré dans le plan de travail en granit noir martelé du Zimbabwe, Granico, table de cuisson « Vario », Gaggenau. Chaises de bar « Henriksdal », Ikea.

BELLES PERSPECTIV­ES PAGE DE GAUCHE

Au premier étage, le salon-salle à manger, en continuité de la cuisine, occupe une partie de la maison d’origine. Devant, canapés et méridienne «Camille» en lin blanc, table basse « Sybil » en verre et acier, le tout AM.PM. Tapis « Magnolia », une commande d’après la moquette installée pour l’exposition « Louis Comfort Tiffany » au musée du Luxembourg en 2009. Dans le fond, table de salle à manger « Wallaby » en frêne et acier, AM.PM, chaises « Plastic Side Chairs DSW » de Charles & Ray Eames, Vitra, et lampadaire vintage 1970, les deux chinés. Suspension « Voltige » en cuivre, La Redoute. Au fond, deux oeuvres de soudure sur zinc, de Valérie Roubach. Devant la cheminée, lanternes « Alma », Lights4fun, et à côté, lampes « Tolomeo » de Michele de Lucchi et Giancarlo Fassina, Artemide, chinées.

PAGE DE DROITE

Les garde-corps à pans coupés de l’escalier donnant sur le bureau en contrebas du séjour redessinen­t le volume.

LES ADRESSES DE JEANNE LE FORESTIER

Pour sa sélection d’art contempora­in, Galerie Loevenbruc­k.

Pour sa librairie qui jouxte l’École nationale supérieure de paysage de Versailles, Le Potager du Roi. Pour ses érables du Japon et ses végétaux de terre de bruyère, les Pépinières du Val de Jargeau. Pour ses créations et l’entretien de ses jardins, Les Jardins du Hameau. Pour ses exposants des Fêtes des Plantes et pour son potager, le château de Saint-Jean de Beauregard. —

NOIR SUR BLANC PAGE DE GAUCHE

Dans la chambre, sur la cheminée en marbre 1930, chinée aux Puces de Saint-Ouen, modelages de Jeanne Le Forestier. Tête de lit et cache-sommier « Sandor », et linge de lit « Othoza », AM.PM. Tapis en peau de vache, Maison Thuret, suspension­s origamis rapportées du Japon. Bout de lit acheté sur made.com.

PAGE DE DROITE

1. La paysagiste Jeanne Le Forestier. 2. Le long des fenêtres, Batirenov, un bureau conçu sur mesure en parquet de chêne, réalisé par Éric Le Forestier. 3. Derrière la sculpture de Valérie Roubach, un fauteuil «Lavenham», The Conran Shop Rive Gauche, console « Sybil », AM.PM, table basse, chinée, suspension « Diabolo », 1950, Pamono. 4. Applique potence « 265 » de Paolo Rizzatto, Flos, derrière, stores occultants, Gauthier & Cie.

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