ARCHITECTE-INGÉNIEUR BRETON
«Architectes et designers, en tant que concepteurs, sont les mieux armés pour penser le monde de demain. Nous n’avons plus besoin d’une transition écologique, mais d’une rupture écologique. Pour cela, nous devons être capables de déconstruire ce qui existe aujourd’hui pour le penser à nouveau.» Architecte et ingénieur des Ponts et Chaussées, Yann Santerre et son associé Mathieu Cabanes, polytechnicien et ingénieur, s’attaquent «à la pollution de l’industrie de la construction qui est l’une des plus néfastes. Après l’eau, le béton est le matériau le plus consommé». Si on compare le béton à un État, il serait le troisième pollueur mondial. Originaire du Morbihan, Yan Santerre voit chaque année l’estuaire de La Vilaine s’ensabler depuis la construction d’un barrage. Ces sédiments marins qui l’encombrent, nécessitent des extractions pharaoniques pour être ensuite inutilement stockés. Il voit en eux les potentiels d’une ressource naturelle. «La recherche s’appuie sur les propriétés intrinsèques des sédiments marins qui les transforment en roche.» Aucune cuisson à haute température énergivore comme pour l’acier, ce nouveau matériau se moule, se teint dans la masse en affichant une résistance à la compression proche de la terre cuite, très supérieure au parpaing. Yann Santerre le présente en carreaux, lampe et console dessinée par le designer Marc Dibeh à la dernière Design Week lors de l’exposition Frugal. Il entend aussi en faire un véritable matériau de construction. Accompagné par l’incubateur du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment, la région de Bretagne et la ville, il installe son atelier à Brest. «Être inspiré par la nature est en effet le meilleur moyen de concevoir en harmonie avec elle.»