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ART ET STYLE AUX MUSÉES

À LA DÉMESURE DE SON HÉRITAGE STYLISTIQU­E, «YVES SAINT LAURENT AUX MUSÉES» EST UNE EXPOSITION À TRAVERS SIX LIEUX, DU MUSÉE YVES SAINT LAURENT EN PASSANT PAR CEUX D’ART MODERNE, D’ORSAY, DU LOUVRE, PICASSO ET LE CENTRE POMPIDOU. ELLE CÉLÈBRE SON PREMIER D

- PAR Virginie Bertrand

Yves Saint Laurent n’est pas le premier à s’inspirer de l’art mais peut-être le seul à avoir dialogué avec autant de peintres. Il y eut au commenceme­nt de la couture Paul Poiret qui sollicita Raoul Dufy pour des tissus, Cristobal Balenciaga qui convoqua Francisco de Goya, El Greco ou Velasquez, ou encore Elsa Schiaparel­li qui créa avec Salvador Dali une robe-homard, un chapeau-chaussure. Dans sa puissance créative, Yves Saint Laurent interprète, avec rigueur ou fantaisie, les oeuvres d’artistes majeurs ou qui le deviendron­t. Quand il retranscri­t, en 1965, en vingt-six robes de cocktail, sans col, sans manches, les peintures abstraites de l’artiste néerlandai­s Piet Mondrian, celui-ci est encore peu connu en France, sa première rétrospect­ive aura lieu en 1969 au musée de l’Orangerie. Même regard avant-gardiste en 1966 pour les bouches suggestive­s et les corps roses de Tom Wesselmann, l’un des futurs grands du Pop Art. « Mon arme est le regard que je porte sur mon époque et sur l’art de mon temps », affirme souvent Yves Saint Laurent. Il reprend les pixels vert-orange du Déjeuner sur l’herbe de la sérigraphi­e d’Alain Jacquet signant des silhouette­s hypnotique­s. Mais il fait aussi revivre Braque dans un envol de colombes sur une robe du soir, dédie tout un défilé en 1979 à Pablo Picasso « le génie à l’état pur ». « Je n’arrivais pas à faire ma collection, c’était un drame, rien ne sortait. Le dimanche, je vais visiter une exposition sur les Ballets Russes et je découvre les croquis que Picasso avait faits pour Le Tricorne. Le lendemain, j’ai pris un morceau de velours noir, une jupe de velours bleu… tout le reste est venu ». Il rend hommage à Matisse dans une blouse roumaine brodée tout droit sortie du tableau. « Tout homme est obligé pour survivre d’avoir, comme dit Nietzsche, des fantômes esthétique­s. La vie n’est possible que grâce à eux. Je pense les avoir trouvés en Mondrian, Picasso, Matisse mais aussi et surtout en Proust. Je suis tout à fait éclectique », dit-il.

En traduisant les univers des artistes,

Yves Saint Laurent accomplit la « translatio­n » de tableaux en deux dimensions en une nouvelle oeuvre en trois dimensions. Il met l’art en mouvement. Le donne à porter ou invite à s’en revêtir.

YVES SAINT LAURENT

Jusqu’au 15 mai. Centre Pompidou, musées d’Art Moderne, Picasso, d’Orsay, Yves Saint Laurent.

 ?? ?? 1. 2. 3. 4. 1. Musée d’Art Moderne, paletots de satin sur robes de satin, automne-hiver 1992, entourés par 1937, de Raoul Dufy. Centre Pompidou, robe hommage à Tom Wesselmann, jersey de laine, automne-hiver 1966, devant The Moon, 2009, de Gary Hume. Musée Yves Saint Laurent Paris, mannequins de clientes (1962-2002) et toiles réalisées par les ateliers de couture. 4. Musée d’Orsay, robes créées pour le Bal Proust, décembre 1971, et smokings (collection­s automne-hiver 1966, 1988, 2001, printemps-été 1967).
1. 2. 3. 4. 1. Musée d’Art Moderne, paletots de satin sur robes de satin, automne-hiver 1992, entourés par 1937, de Raoul Dufy. Centre Pompidou, robe hommage à Tom Wesselmann, jersey de laine, automne-hiver 1966, devant The Moon, 2009, de Gary Hume. Musée Yves Saint Laurent Paris, mannequins de clientes (1962-2002) et toiles réalisées par les ateliers de couture. 4. Musée d’Orsay, robes créées pour le Bal Proust, décembre 1971, et smokings (collection­s automne-hiver 1966, 1988, 2001, printemps-été 1967).

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