HIPPOLYTE G IRA R DOT EN ÉLECTRON LIBRE
On le connaissait acteur et réalisateur, on le suit désormais avec une addiction croissante comme chroniqueur sur France Inter. C’est donc naturellement qu’Hippolyte Girardot a choisi comme lieu-miroir l’immensité vitrée de la Maison de la radio.
Invité il y a presque quatre ans par Charline Vanhoenacker dans son émission Si tu m’écoutes, j’annule tout, rebaptisée sous l’ère macroniste Par Jupiter !, Hippolyte Girardot, l’interviewé d’une heure, s’est installé à demeure. « J’étais venu présenter une lecture. Dans l’émission de Charline, l’invité doit aussi réagir à l’actualité. Ce jour-là, le sujet était les échanges musclés entre les taxis et les Uber à Roissy. J’ai fait un commentaire assez libre sur la bourgeoisie qui défendait les Uber en gants blancs contre les taxis amateurs de matchs de foot. Cela a fait rire Charline qui m’a demandé si je voulais faire ce genre de truc chaque semaine. Je lui suis extrêmement reconnaissant, ainsi qu’à son comparse Alex Vizorek, de m’avoir permis de développer un talent que je ne me connaissais pas. » Le rendez-vous est donné. Chaque semaine, Hippolyte Girardot livre une chronique facétieuse, « streapteasée » (voir l’effeuillage de cet éternel jeune homme lors de sa chronique sur le film Normandie nue avec François Cluzet), chantée... ( Slam pour ma fille, Si j’étais président, je sauverais les migrants , etc.), bref théâtralisée. Mais l’une de ses plus belles chroniques, c’est la déclaration qu’il réserve à Charline Vanhoenacker aux commandes de cette grande lessiveuse de l’actualité qui émulsionne chaque après-midi nos neurones. « Elle nous laisse une grande liberté qui s’accompagne d’une exigence non dite. C’est une patronne implicite, une chef d’équipe formidable, on est emmené plus que dirigé. » Retour sur la Maison ronde, dont Hippolyte Girardot apprécie le contraste avec la linéarité de la Seine et le trait lumineux que dessine le RER. Un lieu culturel, à l’architecture typique des années 1960, qui vient aussi en contrepoint « d’un Paris muséographique, porteur d’une certaine idéologie du passé. J’aime cette construction ronde, la chaleur de la salle de concert toute de bois sculpté, le café très seventies, l’ambiance des studios d’enregistrement, les sas insonorisés, l’immensité vitrée du grand hall d’entrée, la circulation en couloir qui nous fait approcher toutes les émissions. » En marge de ses interventions radiophoniques (à savourer aussi en version filmée), le comédien retrouve le cinéma. Il sera à l’affiche d’une nouvelle série d’espionnage, Thanksgiving, de Nicolas Saada sur Arte, et du film de Laurent Heynemann sur la vie de Léon Blum sous l’occupation allemande. L’histoire de son dernier amour : celui qu’il porta à Jeanne Reichenbach épousée en 1943 à Buchenwald. Une parenthèse avant d’autres histoires... d’humour racontées avec la même passion dans le temple radiophonique parisien.
UN LIEU DE FOISONNEMENT CULTUREL
Inaugurée en 1963, la Maison de la radio incarne l’ambition de réunir sous un même toit production, montage et diffusion de programmes (journalistes et administratifs étaient jusqu’alors dispersés dans une vingtaine d’immeubles). L’originalité du bâtiment, pensé par l’architecte Henry Bernard tient d’une part à ses dimensions (100 000 m2) et d’autre part à sa forme particulière à une période encore très portée sur l’angle droit. Architecte fonctionnaliste, Henry Bernard défend la primauté de la fonction sur la forme et choisit une interprétation circulaire du bâtiment, plus adaptée selon lui « au type même de la production musicale et radiophonique ». Auditorium, agora, café et restaurant participent à la magie de ce lieu de foisonnement culturel, qu’une rue intérieure permet d’appréhender dans son ensemble. La Maison ronde s’ouvre aujourd’hui largement au public, invité notamment à rencontrer les auteurs lors de « Radio France fête le livre », les 23 et 24 novembre prochains. On pense aussi, bien sûr, à la programmation unique de concerts des quatre formations de Radio France, l’Orchestre national de France, l’Orchestre philharmonique de Radio France, la Maîtrise et le Choeur de Radio France.