L’enfer, c’est les autres
En 2011, Ulrich Köhler remportait l’Ours d’Or, la plus prestigieuse récompense de la Berlinale, pour son film La Maladie du Sommeil. Le cinéaste allemand et sa compagne la réalisatrice Maren Ade (Toni Erdmann) sont associés à l’éminente Ecole de Berlin. Avec In
my Room il revisite aujourd’hui la fin du monde à sa manière. Son anti-héros Armin passe pour un bon à rien. Sur le plan sentimental comme sur le plan professionnel sa vie est un fiasco. Jusqu’au jour où il se retrouve seul au monde. A ce moment-clé où l’humanité bascule, la comédie dramatique se transforme en conte philosophique. Le personnage principal, si détestable, se met en quête de son identité. La disparition est vécue comme une libération. Et le film invite à s’interroger : est-ce finalement la société qui nous condamne au malheur ? Pouvons-nous vraiment vivre sans les autres ? Alors qu’Armin s’apprête à faire une rencontre inattendue, de nouvelles interrogations métaphysiques émergent. Si l’homme est devenu un loup pour l’homme dans cette jungle urbaine, les deux derniers humains finissent par s’apprivoiser. Le mythe de référence se métamorphose, de Robinson Crusoé, on passe soudain à Adam et Eve. Ensemble ou séparément, Armin et Kirsi vont devoir affronter les dilemmes cornéliens qui se présentent à eux. Parcourir le monde ou cultiver son jardin ? Fonder une famille ou rester libre ? Construire de ses mains ou se servir ? Le film d’Ulrich Köhler soulève des questionnements existentiels et laisse sur son passage une trace indélébile.