Le phénomène Christiane F.
L’histoire commence en 1978, deux journalistes rencontrent la jeune Christiane F., alors âgée de 16 ans, et racontent sa descente aux enfers, d’abord sous forme de reportage dans les pages du Stern puis dans un livre. Comment elle a commencé à fumer de l’herbe à l’âge de 12 ans, à prendre de l’héroïne à 13 ans, et à faire le trottoir à 14 ans. L’engrenage mortifère de la dépendance, l’indifférence générale, les amitiés entre junkies, le sexe et la violence.
Moi, Christiane f., 13 ans, droguée, prostituée … va devenir l’un des plus grands succès parmi les oeuvres non-fictionnelles de l’après-guerre, caracolant en tête de la liste des best-sellers du SPIEGEL pendant un an et demi. Adapté au cinéma en 1981 par Uli Edel, avec une bande originale signée David Bowie le film devient culte et enregistre 5 millions d’entrées. Tous ceux qui ont grandi dans les années 80 s’en souviennent. L’horreur de cette histoire et l’attraction malsaine qu’elle opère marqueront plusieurs générations. Le long-métrage avait pour décor Berlin-Ouest, cette ville divisée en plein coeur de la RDA , encerclée par un mur. C’était un livre, puis un film sur le désespoir et la claustrophobie. Sur l’illusion d’une échappatoire, l’évasion à tout prix. La nouvelle série réalisée pour Amazon Prime Video a une ambition différente. Plus qu’un portrait historique et social, l’autrice Annette Hess entend donner à cette histoire une certaine modernité et une portée universelle. Se faire l’écho d’une jeunesse en perte de repères, prête à tout pour quelques shoots. Et tant pis si l’image pop prend le pas sur le discours de sensibilisation.