Friture sur la ligne franco-allemande
Il y a de l’eau dans le gaz entre l’Allemagne et la France. C’est le cas de le dire. Presque un an déjà après le début de la guerre en Ukraine – Poutine lançait l’assaut le 24 février 2021 –, les défauts d’approvisionnement en gaz et énergies russes ont mis les économies européennes à rude épreuve. L’Elysée, qui a d’abord salué la décision de Berlin de procéder à un réarmement – tournant majeur dans la politique de défense allemande de l’après-guerre –, déplore aujourd’hui le cavalier seul allemand. Aussi bien sur le plan de la politique énergétique que militaire, le gouvernement de Scholz a pris les devants et décidé d’investir massivement sans prendre le pouls de ses alliés européens.
Fin octobre, l’annulation en dernière minute du Conseil des ministres franco-allemand, une première dans l’histoire de la coopération entre les deux pays, venait attester des crispations devenues criantes dans les relations bilatérales.
Le 22 janvier, les anciens ennemis de toujours devenus meilleurs alliés célèbreront les 60 ans du traité de l’Elysée. Traité de coopération ratifié en 1963 par deux opposants farouches aux nazis, le Général De Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer. Pour que le « plus jamais ça » s’ancre dans la réalité du 20e siècle et au-delà, l’accord organise les liens entre les nations. Notamment grâce à l’Office franco-allemand pour la Jeunesse qui a aujourd’hui 9 millions d’échanges à son actif.
Au sein de l’Union européenne, le couple franco-allemand – outre-Rhin on lui préfère la moins romantique et plus rationnelle métaphore du moteur franco-allemand – est passé de duo fondateur à duo leader. Et malgré les actuelles discordances, il y a fort à parier qu’Olaf Scholz et Emmanuel Macron prendront prétexte de cet anniversaire pour célébrer les liens forts qui unissent aujourd’hui les ennemis d’autrefois.