Une série très espagnole
A première vue, le pitch initial de la série espagnole Elite diffusée sur la plateforme Netflix ne la distingue guère du genre des « teen-movie » : trois adolescents boursiers intègrent un lycée ultra huppé de la banlieue de Madrid. Dans les couloirs luxueux de l’établissement, les petits nouveaux se heurtent à la morgue de certains de leurs camarades fortunés… Pourtant au cours des huit épisodes de cette première saison, rien ne se déroule comme prévu et les personnages semblent échapper à une trame stéréotypée ainsi qu’à une vision manichéenne du monde. A l’instar de la série Twin Peaks de David Lynch, on sait dès le début que l’un des personnages principaux a été tué et le suspense est maintenu car on veut découvrir qui a commis le crime. Est-ce le savant dosage de thriller sur fond de lutte des classes qui explique le succès mondial de Elite ? En octobre c’est en effet la série qui a été le plus regardée sur Netflix. La plateforme américaine récolte-t-elle tout simplement les fruits du phénomène planétaire de La Casa de papel ? Il est vrai que la participation dans Elite de trois des acteurs de la célèbre série de braqueurs aux masques de Dalí n’est pas étrangère à l’engouement de départ.
Cette nouvelle production originale Netflix illustre le savoir-faire ‘made in Spain’ avec sa galerie de portraits auxquels beaucoup d’adolescents peuvent s’identifier : le premier de la classe, le timide, l’étudiante musulmane brillante, le sportif, le charmant enjôleur… Audelà des différences sociales, religieuses et sexuelles qui touchent l’universel, cette histoire de Roméo et Juliette des temps modernes est aussi très espagnole. En effet, les établissements privés huppés où l’enseignement est dispensé entièrement en anglais correspondent à une réalité Outre Pyrénées. Tout comme les clins d’oeil aux scandales de corruption qui secouent régulièrement l’Espagne.