Point de chute
Dans une lettre publiée le 3 août, le roi émérite Juan Carlos annonce à son fils Felipe VI sa décision de s’éloigner de l’Espagne. Il assure vouloir ainsi l’aider à exercer ses responsabilités. C’est que la justice espagnole et celle de Suisse épluchent son compte en banque. Juan Carlos est en effet suspecté d’avoir reçu une commission occulte dans le cadre d’une négociation commerciale avec l’Arabie saoudite. Ce départ a eu l’effet d’une bombe, au beau milieu de ce bien étrange été. Est-ce une fuite ou un exil ? Entre les défenseurs et les pourfendeurs de la monarchie le débat fait rage. Même si l’ancien monarque a fait savoir par son avocat qu’il restait à la disposition de la justice si besoin était, un sondage du quotidien ABC informe que 56% des Espagnols désapprouvent cet envol. Quinze jours après la révélation par la Casa Real du mystérieux point de chute de Juan Carlos, la polémique a grandi. C’est que le choix des Emirats arabes unis pour lieu de retraite, aux yeux des medias espagnols, n’est pas sans lien avec « le scandale financier », sans oublier la situation, des droits de l’homme de ce pays ! Cela fait une décennie que l’image de la monarchie espagnole est écornée par un entrelacs d’affaires : la condamnation du gendre Iñaki Urdangarín pour malversation, le safari au Bostwana et la chasse à l’éléphant en pleine crise économique en 2012 ainsi que les révélations d’une ancienne maîtresse du roi liée à ce dernier scandale financier. Alors que les Espagnols étaient plutôt favorables à Juan Carlos reconnaissant son rôle dans la transition vers la démocratie, un sondage du 9 août pour l’édition espagnole du HuffPost, les dit à 55% favorables à un référendum pour choisir si le pays doit garder un régime monarchique ou se transformer en République. Il serait cependant hâtif d’en tirer des conclusions quant au rapport à l’institution de nos voisins d’Outre-Pyrénées surtout, dans un contexte où la priorité reste la gestion de la pandémie et de ses conséquences économiques.