Eloge de la courbe et de l’azur

De la fin du XIXe siècle à l’aube du XXe siècle, en pleine période de prospérité économique et de renouveau culturel émerge en Europe un courant artistique nourri d’optimisme et de soif de changement. Ainsi fleurit en France, l’Art Nouveau, en Angleterre le Modern Style, en Italie le Liberty style, en Autriche le style Sécession, en Allemagne le Jugendstil et en Espagne le Modernisme. Ce mouvement s’épanouit magistralement en Catalogne, spécialement à Barcelone, ville industrielle prospère. L’art et la beauté inondent alors la capitale catalane libérant formes et couleurs grâce aux maîtres Lluís Domènech i Montaner ou Antoni Gaudí. Cette exubérance esthétique où triomphent les lignes sinueuses et les motifs végétaux redonne non seulement vie aux matériaux rigides comme la pierre sur les façades mais aussi dans le mobilier et objets du quotidien. En symbiose avec l’effervescence industrielle de cette région, les reproductions d’objets connaissent un formidable essor. Le Musée du Design de Barcelone a ainsi inauguré il y a peu une exposition permanente qui montre combien le modernisme catalan a influencé de manière durable le design actuel… Le modernisme est aussi un art total favorable à l’épanouissement de l’homme moderne au seuil du XXe siècle qui se lit aussi en littérature. Mais contrairement à l’architecture et au design ce dernier voit le jour non pas en Europe mais en Amérique latine avec pour père le poète nicaraguayen Rubén Darío. Influencé par les Romantiques, les Parnassiens et Symbolistes tels que Victor Hugo, Théophile Gautier et Paul Verlaine, Rubén Darío publie Azul. Le titre de ce recueil de poèmes et contes, d’une grande musicalité, serait un hommage à Hugo pour qui « l’art c’est l’azur »…