Le Salvador en mal de démocratie
Nayib Bukele a été élu en 2019 à la présidence du Salvador à 37 ans à peine, sous l’étiquette « hors système », ni de gauche ni de droite, dans l’objectif affiché de combattre la corruption qui gangrénait le pays et de mettre fin à 30 ans d’un bipartisme usé. Plus jeune chef d’Etat latinoaméricain, Bukele, surnommé le président millénial avec ses vestes en cuir et sa maîtrise des réseaux sociaux, incarnait pour une grande partie de la population l’espoir. Il s’agissait d’ouvrir un nouveau chapitre d’histoire dans un pays hanté par 12 ans de guerre civile sanglante (1980-1992) avec 75.000 victimes. Durant deux ans, Bukele a gouverné sans majorité au congrès jusqu’au mois de février où son parti a remporté une victoire écrasante avec 64 /84 députés. Cette popularité peut s’expliquer par la baisse du taux de criminalité (de 50 à 19 homicides pour 100 000 habitants entre 2019 et 2020) et les aides accordées aux familles pendant la pandémie. Son culte de l’image et sa façon nerveuse de gouverner à coups de tweets, l’ont fait qualifier de « Trump tropical ». En 2020, il a appelé l’armée pour faire pression sur les députés afin d’imposer sa gestion de la pandémie. Depuis la victoire de son parti aux législatives, il a révoqué les magistrats du constitutionnel qu’il jugeait opposants. Cette « épuration » inquiète toute la communauté internationale qui des Etats-Unis à l’Union européenne a condamné unanimement cette dérive autocratique.