Vu(e) d’Espagne
Quelle place la campagne présidentielle occupe-t-elle dans les médias espagnols ? Il y a quelques semaines encore, les journaux ibériques consacraient de nombreux portraits au polémiste Eric Zemmour. Ils tentaient de faire un pronostic sur son duel avec Marine Le Pen : lequel occuperait-il la 2e place lors du premier tour du 10 avril ? L’encre coulait à flot pour départager ces deux candidats. Il s’agissait aussi d’évaluer lequel se rapprochait le mieux de l’idéologie de Vox, parti d’extrême droite espagnol qui ne cesse d’agiter la vie politique espagnole. D’autres préféraient s’intéresser à la « féminisation » de cette campagne avec le choix de deux femmes pour représenter les partis traditionnels : Anne Hidalgo pour les Socialistes et Valérie Pécresse pour les Républicains. Enfin, de nombreux papiers relataient le parcours de la maire de Paris née en Andalousie, fille d’ouvriers espagnols immigrés en 1961 en France. Le 24 février dernier, tous ces articles ont été balayés d’un grand revers par la guerre en Ukraine qui les a frappés d’obsolescence. Jamais une crise internationale d’une telle ampleur ne s’était déclenchée depuis la seconde guerre mondiale. Ce grand fracas de l’histoire a rebattu les cartes d’une campagne qui peinait déjà à intéresser les Français. Les programmes électoraux ont ainsi vu leurs audiences divisées par deux en comparaison aux précédentes campagnes électorales. En 2017, 80% des Français sondés indiquaient que les élections occupaient leurs conversations contre moins des deux tiers en 2022. Le plus grand suspense de cette élection réside dans l’estimation du taux d’abstention qui menace d’être record le 10 avril prochain.