LIVRES: SUMMER FOREVER
Une jeune fille, Summer, disparaît un été. Des années plus tard, son frère en souffre encore et se met à enquêter. Monica Sabolo signe un cinquième roman envoûtant sur les fantômes du passé, la force destructrice des non-dits et comment la vérité vaut tou
Monica Sabolo signe Summer, un cinquième roman envoûtant sur les fantômes du passé, la force destructrice des non-dits et comment la vérité vaut toujours mieux que le mensonge. Et une sélection des livres de la rentrée.
depuis le succès de son dernier roman, CransMontana, en 2015, Monica Sabolo a prouvé qu’elle excellait à dévoiler les coulisses de ces familles aisées et bien sous tous rapports, qui font payer aux adolescents le prix de leurs tensions. Et plus précisément aux jeunes filles, dont le corps semble être l’exutoire sacrificiel des pires secrets, pulsions, non-dits. Avec son nouveau roman, Summer, cette ex-journaliste devenue scénariste nous plonge à nouveau dans une famille bourgeoise qui se révélera dysfonctionnelle à mesure que l’on avance dans le livre. Summer est l’aînée: une jeune fille blonde à l’allure de liane, en short en jean et T-shirt blanc, dont tous les garçons sont amoureux. Les parents, qui vivent dans une grande propriété au bord du lac Léman, aiment à organiser réceptions et dîners, lors desquels la mère (au foyer) semble privilégier ses tenues «de Paris» plus que ses enfants. Pendant un pique-nique où tous se mettent à jouer à cache-cache, Summer se volatilise. Impossible d’en retrouver la trace, ni son éventuel cadavre dans le lac. Vingt-cinq ans après, son frère cadet, Benjamin, toujours hanté par cette absence jusqu’à la dépression latente, se souvient: entre séances de psychanalyse, rêves aquatiques où les cheveux de sa soeur s’entremêlent aux plantes du lac, interrogations de ses proches, c’est toute l’histoire de Summer qui se reconstitue. Des scènes entrevues reviennent en mémoire, floutées par le temps: Summer avec son amoureux Franck, une dispute avec sa mère, un châle blanc taché, le père qui se penche (un peu trop près?) sur la petite… Benjamin va finir par retrouver le policier en charge de l’enquête à l’époque et par apprendre les effroyables secrets et mensonges de sa famille. Monica Sabolo a choisi la forme du conte ou du fantasme pour construire le château symbolique dans lequel les jeunes protagonistes sont enfermés. On passe avec virtuosité du songe au réel, où les jeunes filles des années 70 ressemblent à des apparitions et ne sont pas sans rappeler celles du Virgin Suicides de Sofia Coppola. À la manière des romans de Laura Kasischke, l’écriture de Sabolo envoûte par ses métaphores – les scintillements, l’eau du lac, le froid de la nuit – pour dire l’état de rêve ou de cauchemar, la fraîcheur et la vulnérabilité de l’âge adolescent, l’incompréhension entre adultes et enfants. Au final, les pièces de ce puzzle éclaté que fut toute la vie de Benjamin se reconstitueront, pour dévoiler le portrait atroce d’une tragédie familiale. Éditions J.-C. Lattès (sortie le 23 août).