VOGUE France

Lou Doillon

La chanteuse à l’irrésistib­le timbre chauffé à blanc qui s’apprête à dégainer un troisième album est aussi l’héritière d’une famille où le style et l’allure font partie de l’ADN. Elle répond à nos questions existentie­lles sur la mode.

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Quelle est la pièce la plus extravagan­te que vous ayez jamais achetée ? Un costume de mariachi vert pelouse, à grelots dorés et ganse rouge trouvé dans une brocante à L.A. (Avalon Vintage). Mon dressing est plein de pièces improbable­s, notamment une collection de casquettes et de chapeaux de métiers anciens (aviateur, cheminot, in rmier, contrôleur...). Le fétiche de votre dressing ? Mes boots, une collection qui s’agrandit depuis vingt ans. C’est quoi l’élégance ? C’est l’ultime connaissan­ce de soi, aller à l’essentiel de qui l’on est. Le vêtement que vous ne porterez jamais ? Pantacourt, Crocs, doudoune… Je n’aime pas dire jamais, mais je ne me reconnaîtr­ais pas dans la glace. L’incarnatio­n du style à vos yeux ? Le style se doit d’être une version/vision de soi, c’est un langage, une prise de parole… J’aime porter des vêtements qui me font rêver, qui me rappellent à, qui me rapprochen­t de… Ce sont des fétiches, des bas verts pour Egon Schiele, du cuir rouge pour Otto Dix, des chignons hauts pour La Goulue, des godillots pour Van Gogh, des casquettes pour Zola, des bottines pour Tess de Thomas Hardy… Et celle du mauvais goût ? Être habillé pour les autres. Le vêtement, c’est une histoire personnell­e. Quel est le comble du luxe selon vous ? Être maître de son temps. En matière de mode, qui est votre fournisseu­r of ciel et pourquoi? Je n’ai pas de fournisseu­r of ciel mais j’ai la chance d’avoir des amis talentueux, Haider Ackermann, Natacha Ramsay, Alessandro Michele, Riccardo Tisci, Olympia Le-Tan, Elie Top, Harumi Klossowska… J’aime voir leur travail, ils enclenchen­t la/ma rêverie. Le vêtement qui vous fait craquer ? En ce moment, le velours frappé m’obsède. Il me fait penser à ma grand-mère Judy, au rideau de théâtre, à Jimmy Page, à mon papier peint... Comme un bijou qui se re ète, et dans la couleur: framboise, moutarde, émeraude. Et celui que vous voudriez éradiquer ? Tout m’amuse... sur les autres. Plus sérieuseme­nt, le vêtement «mouchoir» me déprime. Acheter des vêtements mal faits dans tous les sens du terme (fabricatio­n et éthique), qui terminent à la poubelle après dix lavages, c’est participer à une hérésie que l’on commence déjà à payer. J’aime un vêtement qui dure, qui se transmet, qu’on retrouvera dans vingt ans en friperie. La transmissi­on est la chose la plus importante. Le parfum qui vous enivre ? La sueur sucrée de la nuque des bébés, le vétiver, la verveine, les souks, les cheminées éteintes, l’acajou, les vieux Guerlain : Vol de Nuit, Mitsouko. Le bijou qui ne vous quitte jamais ? Ce sont des cycles. En ce moment, ma bague élément «Terre» d’Elie Top, ma panthère Harumi Klossowska et ma bague cercle or et argent de Charlotte Chesnais. Au cou, des médaillons, des cristaux, des chaînes emmêlées. Aux oreilles beaucoup de petits anneaux. Des signes, des symboles, des talismans, des amulettes. À qui pourriez-vous emprunter son pull ? À mon père, à mon ls, à mon mec. Finissez cette phrase de Gabrielle Chanel : «Pour être irremplaça­ble, il faut…» ... Il faut être essentiel.

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