UNE BEAUTÉ ENGAGÉE
Dans le club très fermé des top models, Anja Rubik est la blonde fatale. Une carrière sans faute, une grâce inouïe, l’étoile polonaise est avant tout une tête bien faite avec le coeur au bon endroit. Son engagement en faveur de la liberté des femmes, de l’éducation sexuelle dans son pays, tout comme sa militance acharnée pour l’écologie en font une icône des temps modernes.
Dans le club très fermé des top models, Anja Rubik est la blonde fatale. Une carrière sans faute, une grâce inouïe, l’ étoile polonaise est avant tout une tête bien faite avec le coeur au bon endroit. Son engagement en faveur de la liberté des femmes, de l’ éducation sexuelle dans son pays, tout comme sa militance acharnée pour l’ écologie en font une icône des temps modernes.
Anja Rubik est longue, blonde platine, toute de noir vêtue, excessivement mince, ses yeux bleu gris nous fixent. Cela fait dix-huit ans qu’elle est au sommet, qu’elle défile pour les plus grands, qu’elle fait la couverture de tous les magazines glamour, qu’elle inspire les créateurs, dont Karl Lagerfeld, en premier, qui adorait la photographier. Cela fait dix-huit ans que les marques telles Chloé, Gucci, Chanel, Saint Laurent, Valentino, Estée Lauder, Versace…, et la liste n’a rien d’exhaustif, s’arrachent le mannequin polonais. Mais aujourd’hui, le parfum qui accompagne Anja Rubik quand elle arrive chez son agent, où elle donne ses rendez-vous, est celui de l’urgence. Anja s’assoit à la longue table en bois de l’appartement paisible et lumineux, au bord de la Seine, et parle, tout à trac, de ses combats. Le mannequin a fondé l’association Sexed DPL en 2017 pour promouvoir l’éducation sexuelle en Pologne, son pays natal. Elle a écrit et publié un livre du même nom, une sorte de guide pratique imagé qui s’est déjà vendu à 120 000 exemplaires en Pologne,
et dont les sujets abordés vont de l’usage des préservatifs à l’homosexualité. En un rien de temps, le livre est devenu un objet iconique et cool pour les ados, qui le placent dans leur besace entre deux manuels scolaires, alors même qu’il est blacklisté dans les journaux et a été retiré des listes des meilleures ventes. Anja Rubik reçoit des milliers de lettres de toutes parts. Cependant, dans ce pays dirigé par un gouvernement d’ultra-droite, son engagement en faveur des droits des femmes et de l’avortement, toujours illégal en Pologne, lui vaut également pléthore d’insultes et des menaces d’assassinat sur Facebook et Instagram. Sa prise de conscience qu’elle ne pouvait pas se contenter d’être théoriquement féministe a débuté il y a deux ans et demi, quand l’État polonais a remis en cause les très rares exceptions permettant aux femmes d’avorter, notamment si la grossesse met leur vie en danger. «Les Polonaises n’avaient pas d’autres choix que la prison ou la mort», se souvient Anja Rubik. Elle ajoute: «Aujourd’hui, si une femme fait une fausse couche, elle est considérée comme suspecte et une enquête est déclenchée pour savoir si elle l’a provoquée.» Des manifestations ont lieu dans tout le pays. Le mannequin y participe non seulement en marchant dans la foule, mais aussi par des prises de parole. Elle propose à des personnalités du monde entier de soutenir le combat des femmes polonaises. Jane Birkin et Charlotte Gainsbourg expriment par son biais leur solidarité. «C’était très important pour les manifestantes d’apprendre qu’elles n’étaient pas isolées et qu’elles avaient des appuis à l’étranger.»