VOGUE France

Katarina Witt, celle qui brisait la glace

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, pulpeuse patineuse qui s’habille léger, se pare de paillettes et exécute ses gures acrobatiqu­es sur des musiques de Michael Jackson. Dans les années 80, Katarina Witt porte des décolletés, elle donne un charme érotique au sport du bloc soviétique qui n’en a jamais eu. Le magazine américain Time la présente comme le «plus beau visage du socialisme». Chez elle, c’est une autre histoire. Elle est la vedette d’un sport fermement soutenu par le régime est-allemand, elle se lève aux aurores depuis la tendre enfance, travaille dur comme ses rivales. Plus dur sans doute puisqu’elle approche de la perfection et rapporte au pays les médailles que celui-ci réclame, mais son charme trouble et sa liberté inquiètent. Les entraîneur­s ont remarquabl­ement dompté son corps, le régime la gâte mais sa beauté leur échappe. Katarina Witt est trop ouverte, trop séduisante, trop séductrice, elle rapproche l’Est et l’Ouest quand personne ne lui en fait la demande. Elle s’attarde avec les journalist­es occidentau­x, il lui arrive de prendre un verre au bar de l’hôtel et pourquoi pas de fumer un cigare. Elle aime le rock et les voitures de sport. Après la chute du Mur, elle découvre à quel point sa beauté perturbe: la Stasi l’espionnait. Elle lit, dans un dossier, qu’on écoutait ses ébats depuis une chambre voisine. «Relation sexuelle de 20 h à 20h07», note un rapport administra­tif. «Un peu expéditif», commente-t-elle dans son autobiogra­phie. Elle aurait voulu en pro ter, devenir actrice, elle est restée une star de la glace, déployant à l’est de l’Europe ses propres versions d’Holiday on Ice. Elle pose dans Playboy en 1998 mais ne s’abîme pas dans des rêves de luxe délirant. Belle gueule du socialisme. Tête froide aussi. « Je ne ferai jamais volte-face pour dire que j’ai vécu dans un pays horrible, dit-elle. Le succès que j’ai aujourd’hui n’aurait jamais été possible si j’avais grandi à l’Ouest.»

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