LE POINT DE VUE DE VOGUE
s
es ciels bleu profond, sa maîtrise des couleurs pop, saturées, ses angles de prise de vue inspirés du cinéma d’Hitchcock ou d’Antonioni… Les photos de Steve Hiett ont une vraie force de caractère, de celles qui autorisent l’identification instantanée. J’ai rencontré Steve Hiett au début des années 90. J’ai même eu la chance de travailler avec lui sur plusieurs projets. Ce Polaroid de nous, ensemble, a été pris par Davé alors que nous dînions dans son restaurant du Palais-Royal. Ce qui m’impressionnait chez Steve, c’était la pluralité de son talent. Guitariste virtuose, il se destinait à l’origine à une carrière de musicien. Drôlement, ce sont ses photos de Jimi Hendrix sur l’île de Wright au début des années 70 qui ont fait décoller sa carrière de photographe. De grand photographe.
Respecté par, et ami de ses confrères les plus prestigieux, Peter Lindbergh, Paolo Roversi et Arthur Elgort (dont il avait été l’assistant), il avait également un oeil de graphiste et de directeur artistique hors pair. En témoigne, entre autres, Models Manual, le livre culte d’Arthur Elgort qu’il avait complètement orchestré.
Impossible enfin d’évoquer Steve Hiett sans parler de sa profonde gentillesse, de sa bienveillance et, qualité rare aujourd’hui, de son absence totale de plan de carrière. Son indifférence rafraîchissante pour tout ce qui touchait de près ou de loin les questions de business ou d’ambition.
Steve Hiett nous a quittés à la fin de l’été. Ce numéro lui est dédié.