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Surprise : c’est au créateur de haute couture Giambattis­ta Valli que H&M a confié cette saison sa désormais légendaire collection capsule. Rencontre avec le plus baroque de nos créateurs.

- Par Olivier Nicklaus

Surprise : c’est au créateur de haute couture Giambattis­ta Valli que H&M a confié cette saison sa désormais légendaire collection capsule. Rencontre.

Le rendez-vous a été donné au siège de la maison Giambattis­ta Valli, rue Boissy-d’Anglas, dans le 8e arrondisse­ment parisien, une adresse où a vécu le compositeu­r baroque Jean-Baptiste Lully, fameux maître de musique de Louis XIV. Une coïncidenc­e qui au fond n’en est pas tout à fait une, puisque «baroque» pourrait s’avérer le parfait adjectif pour qualifier la mode de Giambattis­ta Valli. Aucun créateur actuel n’est en effet plus éloigné du minimalism­e que cet Italien vivant en France (autre point commun avec Lully): pour lui, jamais trop de fleurs, de couleurs ou de broderies. On en a d’ailleurs la confirmati­on dès l’instant où l’on entre dans son salon/studio de création où sont exposés ses modèles pour H&M : face à la porte, une sublime robe en tulle nous éclabousse de son rouge coquelicot.

Avec ce rendez-vous fixé au siège de sa maison plutôt qu’à celui de H&M, Giambattis­ta Valli envoie un message clair : c’est lui qui reçoit, avant H & M. Et les vêtements qu’on va voir sont ses créations avant d’être des produits de grande consommati­on. Voilà justement qu’apparaît le maître des lieux, très en forme, son habituel rang de perles (qui aurait appartenu à un maharadjah indien) autour du cou sur un T-shirt noir, et il confirme : «Quand H & M m’a fait cette propositio­n, j’ai aussitôt imaginé une collection collector avec des pièces uniques, en restant rigoureuse­ment dans l’ADN Giambattis­ta Valli.»

Avec ce rendez-vous fixé au siège de sa maison plutôt qu’ à celui de H&M, envoie Giambattis­ta un message clair : Valli c’est lui qui reçoit, avant H&M.

«J’ai aussitôt imaginé une avec des collection uniques, collector en restant rigoureuse­ment pièces dans l’adn .» Giambattis­ta Valli

On avait eu un petit aperçu de l’effet escompté au dernier Festival de Cannes, en mai 2019, avec l’apparition de la mannequin Kendall Jenner sur le tapis rouge du gala de l’amfAR : dans une robe en tulle rose bonbon suffisamme­nt courte devant pour laisser apparaître ses jolies jambes et suffisamme­nt longue derrière pour que les mètres de tulle attestent de la signature Giambattis­ta Valli. Sauf qu’il s’agissait du premier modèle dévoilé de cette collaborat­ion avec H & M. Le même jour, des proches de «Giamba» présentaie­nt d’autres pièces : l’influenceu­se Chiara Ferragni, l’égérie historique Bianca Brandolini, la chanteuse américaine H.E.R. et la chanteuse chinoise Chris Lee, dans un nuancier évoluant du blanc au rose bonbon donc, en passant par le vieux rose. Toutes des stars des réseaux sociaux – mais auxquelles la maison Valli ellemême n’a rien à envier avec ses plus de deux millions d’abonnés sur Instagram. «Ce nombre dingue de followers, c’est justement la raison pour laquelle j’ai accepté la propositio­n de H & M, explique le créateur. Je ne suis pas fou au point de croire que ces deux millions de fans peuvent tous s’habiller chez moi. Ce qui est génial dans ce projet, c’est de leur donner la possibilit­é de s’acheter ne serait-ce qu’une pièce et de se l’approprier. J’appelle ça une démocratis­ation de ma mode, de mon idée de la beauté.» L e thème de cette collection capsule est l’amour, et alors qu’on cherche les coeurs nichés sur les différents modèles, Valli poursuit sa démonstrat­ion : «Je déteste le racisme économique, j’avais déjà adoré le concept quand Karl l’a fait pour la première fois en 2004. Après, j’ai conçu ce projet de la manière la plus honnête : c’est complèteme­nt du Giambattis­ta Valli dans le rendu visuel, mais ce ne sont évidemment pas les mêmes matières que quand je fais de la haute couture, c’est du polyester fabriqué en usine. Mais bon, même si c’était fait en papier, ça reste du Giambattis­ta Valli.»

Il faut dire que la propositio­n d’Ann-Sofie Johansson, creative director chez H & M, était d’autant plus excitante qu’elle a eu l’idée de demander à Giambattis­ta de proposer des modèles homme pour la première fois de sa carrière. Une idée qui surprend d’abord le créateur avant de l’emballer : «Je les ai pensés comme si c’était le garçon qui allait chercher dans la garderobe de la fille, pour inverser le cliché que ce serait forcément les filles qui s’habillerai­ent dans la garde-robe des garçons.» Traduction sur les portants : une irrésistib­le veste en sequins dont on parie qu’elle sera épuisée dès le 7 novembre, date du lancement de la collection, mais aussi un sac en motif tapisserie ou des pièces léopard à rendre jalouse votre meilleure amie italienne. Sans parler des chaussures pour garçons serties de perles. Commentair­e de Giambattis­ta: «L’idée était que mon collier de perles se serait cassé sur mes chaussures, et que les perles se seraient plantées dessus comme des clous!»

Bref, Giambattis­ta Valli n’a rien perdu de sa fantaisie en «démocratis­ant» sa mode. Et celles (et ceux, donc) qui ont rêvé en regardant la robe de mariée de Charlotte Casiraghi le 29 juin dernier (signée Giambattis­ta Valli, évidemment) pourront désormais faire mieux que seulement rêver : lui ressembler.

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 ??  ?? Giambattis­ta Valli et Ann-Sofie Johansson, creative director de H&M.
Giambattis­ta Valli et Ann-Sofie Johansson, creative director de H&M.
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