VALLI POUR TOUS
Surprise : c’est au créateur de haute couture Giambattista Valli que H&M a confié cette saison sa désormais légendaire collection capsule. Rencontre avec le plus baroque de nos créateurs.
Surprise : c’est au créateur de haute couture Giambattista Valli que H&M a confié cette saison sa désormais légendaire collection capsule. Rencontre.
Le rendez-vous a été donné au siège de la maison Giambattista Valli, rue Boissy-d’Anglas, dans le 8e arrondissement parisien, une adresse où a vécu le compositeur baroque Jean-Baptiste Lully, fameux maître de musique de Louis XIV. Une coïncidence qui au fond n’en est pas tout à fait une, puisque «baroque» pourrait s’avérer le parfait adjectif pour qualifier la mode de Giambattista Valli. Aucun créateur actuel n’est en effet plus éloigné du minimalisme que cet Italien vivant en France (autre point commun avec Lully): pour lui, jamais trop de fleurs, de couleurs ou de broderies. On en a d’ailleurs la confirmation dès l’instant où l’on entre dans son salon/studio de création où sont exposés ses modèles pour H&M : face à la porte, une sublime robe en tulle nous éclabousse de son rouge coquelicot.
Avec ce rendez-vous fixé au siège de sa maison plutôt qu’à celui de H&M, Giambattista Valli envoie un message clair : c’est lui qui reçoit, avant H & M. Et les vêtements qu’on va voir sont ses créations avant d’être des produits de grande consommation. Voilà justement qu’apparaît le maître des lieux, très en forme, son habituel rang de perles (qui aurait appartenu à un maharadjah indien) autour du cou sur un T-shirt noir, et il confirme : «Quand H & M m’a fait cette proposition, j’ai aussitôt imaginé une collection collector avec des pièces uniques, en restant rigoureusement dans l’ADN Giambattista Valli.»
Avec ce rendez-vous fixé au siège de sa maison plutôt qu’ à celui de H&M, envoie Giambattista un message clair : Valli c’est lui qui reçoit, avant H&M.
«J’ai aussitôt imaginé une avec des collection uniques, collector en restant rigoureusement pièces dans l’adn .» Giambattista Valli
On avait eu un petit aperçu de l’effet escompté au dernier Festival de Cannes, en mai 2019, avec l’apparition de la mannequin Kendall Jenner sur le tapis rouge du gala de l’amfAR : dans une robe en tulle rose bonbon suffisamment courte devant pour laisser apparaître ses jolies jambes et suffisamment longue derrière pour que les mètres de tulle attestent de la signature Giambattista Valli. Sauf qu’il s’agissait du premier modèle dévoilé de cette collaboration avec H & M. Le même jour, des proches de «Giamba» présentaient d’autres pièces : l’influenceuse Chiara Ferragni, l’égérie historique Bianca Brandolini, la chanteuse américaine H.E.R. et la chanteuse chinoise Chris Lee, dans un nuancier évoluant du blanc au rose bonbon donc, en passant par le vieux rose. Toutes des stars des réseaux sociaux – mais auxquelles la maison Valli ellemême n’a rien à envier avec ses plus de deux millions d’abonnés sur Instagram. «Ce nombre dingue de followers, c’est justement la raison pour laquelle j’ai accepté la proposition de H & M, explique le créateur. Je ne suis pas fou au point de croire que ces deux millions de fans peuvent tous s’habiller chez moi. Ce qui est génial dans ce projet, c’est de leur donner la possibilité de s’acheter ne serait-ce qu’une pièce et de se l’approprier. J’appelle ça une démocratisation de ma mode, de mon idée de la beauté.» L e thème de cette collection capsule est l’amour, et alors qu’on cherche les coeurs nichés sur les différents modèles, Valli poursuit sa démonstration : «Je déteste le racisme économique, j’avais déjà adoré le concept quand Karl l’a fait pour la première fois en 2004. Après, j’ai conçu ce projet de la manière la plus honnête : c’est complètement du Giambattista Valli dans le rendu visuel, mais ce ne sont évidemment pas les mêmes matières que quand je fais de la haute couture, c’est du polyester fabriqué en usine. Mais bon, même si c’était fait en papier, ça reste du Giambattista Valli.»
Il faut dire que la proposition d’Ann-Sofie Johansson, creative director chez H & M, était d’autant plus excitante qu’elle a eu l’idée de demander à Giambattista de proposer des modèles homme pour la première fois de sa carrière. Une idée qui surprend d’abord le créateur avant de l’emballer : «Je les ai pensés comme si c’était le garçon qui allait chercher dans la garderobe de la fille, pour inverser le cliché que ce serait forcément les filles qui s’habilleraient dans la garde-robe des garçons.» Traduction sur les portants : une irrésistible veste en sequins dont on parie qu’elle sera épuisée dès le 7 novembre, date du lancement de la collection, mais aussi un sac en motif tapisserie ou des pièces léopard à rendre jalouse votre meilleure amie italienne. Sans parler des chaussures pour garçons serties de perles. Commentaire de Giambattista: «L’idée était que mon collier de perles se serait cassé sur mes chaussures, et que les perles se seraient plantées dessus comme des clous!»
Bref, Giambattista Valli n’a rien perdu de sa fantaisie en «démocratisant» sa mode. Et celles (et ceux, donc) qui ont rêvé en regardant la robe de mariée de Charlotte Casiraghi le 29 juin dernier (signée Giambattista Valli, évidemment) pourront désormais faire mieux que seulement rêver : lui ressembler.