VOGUE France

EAUX FORTES

- Par Frédérique Verley

Clairement impliqué dans les nouveaux parfums Valentino, Born in Roma, Pierpaolo Piccioli nous dévoile son processus créatif.

Le classicism­e du passé qui rencontre l’ irrévérenc­e du présent. Deux icônes qui brouillent les codes du style. Un subtil équilibre entre rock et couture. Deux fragrances qui s’adressent à tous les genres. Clairement impliqué dans les nouveaux parfums Valentino, Born in Roma, Pierpaolo Piccioli nous dévoile son processus créatif.

Quelle est la face cachée de Rome qui a inspiré ces parfums? Pierpaolo Piccioli : La beauté et la décadence de Rome, je dirais. Deux facettes qui résument assez bien ce que je ressens pour cette ville. J’y vois un équilibre entre différente­s époques et différents styles: le romantisme, le classicism­e, le néoréalism­e, le catholicis­me. Tout se mélange, comme si le passé était toujours bien vivant aujourd’hui. C’est vraiment ce que j’ai voulu distiller dans Born in Roma : un esprit classique mais twisté sur un mode très contempora­in. Le passé, oui, mais sans la nostalgie, plutôt pour donner une identité, de la consistanc­e, de la profondeur au présent.

Vous dites ne suivre aucune règle. Cela veut-il dire que Born in Roma y échappe aussi ? À mon sens, oui. Parce que c’est la première fois qu’une beauté black (l’Australo-soudanaise Adut Akech, ndlr) incarne la fragrance d’une marque romaine, et que cela va à l’encontre des règles de base du marketing.

Vous dites que Born in Roma, c’est «l’attirance pour le passé qui rencontre l’irrévérenc­e du présent». De quelle façon? Dans le parfum féminin, certains éléments, comme le trio de jasmin très chic et la vanille bourbon, font vraiment penser à une fragrance classique, mais l’overdose de bois, presque animale, lui donne cette touche d’irrévérenc­e très contempora­ine. Comme dans la campagne publicitai­re d’ailleurs, où cette bande de jeunes quitte Rome à moto, mais en tenue du soir, pour se rendre à une soirée hyper cool, dans un magnifique palace. C’est ce genre de contrastes qui m’intéresse.

À vos yeux, Adut Akech et Anwar Hadid se sont imposés comme figures emblématiq­ues de ces nouveaux parfums. Pourquoi? Adut, parce que je l’ai toujours considérée comme une personne, et non comme un modèle. Elle m’a d’ailleurs déjà accompagné deux fois au Met Ball. Et parce que j’adore l’idée qu’une marque romaine ne soit pas représenté­e par une Italienne, un peu trop cliché, mais par une beauté internatio­nale. Anwar, parce qu’il incarne le moment.

Il fait partie de la famille Hadid, oui, mais à sa façon. La combinaiso­n des deux donne un mélange cool, pas snob du tout, qui parle à tout le monde.

Le flacon en studs est une référence évidente à la couture. En avez-vous distillé d’autres ? La forme du flacon est somme toute assez classique. Il fallait donc le twister avec des éléments plus mode comme les studs. Un peu comme la robe très couture d’Adut, qui tranche avec le perfecto d’Anwar. L’ensemble relève d’un équilibre subtil, à la fois couture et rock.

Born in Roma se décline d’emblée au féminin et au masculin. Étaitce une volonté de s’adresser aux deux genres ou de célébrer le couple ? Je ne sépare pas le monde en genres. J’aime les gens pour ce qu’ils sont, dans une totale acceptatio­n de l’autre. Les deux parfums sont romantique­s et fragiles, en un sens. J’aime la sensibilit­é, et la grâce, autant chez les garçons que chez les filles. Parce qu’il y a un seul monde, et que je ne veux aucune barrière, aucune frontière, aucune restrictio­n.

En mode comme en parfum, vous faites souvent référence au mouvement punk. Pourquoi cette culture vous fascine-t-elle autant ? Le mouvement punk était le premier à incarner la notion d’individual­isme. Ce qui me fascine chez les punks, c’est cette envie d’être différents, de s’afficher autrement, en étant fiers de ce qu’ils sont.

Justement, les aristopunk­s, à qui sont dédiés ces deux parfums, prônent la singularit­é pour tracer leur propre chemin. D’après vous, comment Born in Roma va-t-il tracer le sien ? Les aristopunk­s sont fiers de leurs racines, de leur culture, de leur identité et respectent la diversité. L’inclusivit­é étant l’une de mes valeurs premières, ce parfum évoque un langage qui s’adresse à tout le monde. L’image de la campagne parle d’elle-même avec ces deux personnes si différente­s l’une de l’autre, mais qui pourtant s’accordent à merveille…

Born in Roma, Valentino, 50 ml, 87,50 €.

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