FLASH-BACK
Hans Feurer, Vogue Paris, février 1976.
c’est l’une des photos les plus iconiques d’Hans Feurer.
Lui qui sait si bien photographier les corps féminins montre ici, si besoin en était, qu’il peut rendre un visage, et un visage couvert d’une capuche, incroyablement sexy. Un regard fumé, fiévreux, des lèvres gourmandes et luisantes, les cheveux cachés: c’est le portrait d’une femme-énigme, d’un secret, d’un mystère, que l’on a immédiatement envie de dévoiler. Le cliché date de février 1976. Avant et après, les femmes shootées par Feurer sont des filles en bonne santé qui courent à moitié nues sur la plage, sortent des vagues à peine couvertes d’un voile mouillé : elles aiment la mer et les bancs de sable fin. La peau tendre et dorée de leurs fesses s’orne des traces du sable où elles se sont roulées. Il y a une fraîcheur, une gaieté, un goût pour la vie, une bonne santé éclatante associés aux éléments naturels sur ces photos, qui les rendent franchement sexy. Quatre décennies plus tard, on les regarde avec la nostalgie de ceux dont le monde a complètement changé : on a peur pour la nature, on a peur pour les hommes, on se met à penser à un monde où les plages seront inondées, où les êtres seront déplacés en masse, où le chaos régnera. On regarde la fille de 1976 en combinaison vert pâle signée Jacqueline Jacobson pour Dorothée Bis, et tout ce que l’on finit par penser, c’est à la quantité de plastique que le tissu de sa tenue, pourtant sublime, a nécessité. Comment elle brûlerait aujourd’hui, quel déchet elle ferait, s’il serait éthique de l’acheter, de la porter. En 1976, cette fille au look futuriste aurait plus probablement dansé au Studio 54 sur le lancinant Love to Love you Baby de Donna Summer qu’imaginé même la naissance future d’Extinction Rebellion. Cette fille, elle a été de la génération de nos parents, voire de la nôtre. Eux aussi ont dansé, nous aussi avons été danser. C’était en 1976… 77… 78… 1988… Une décennie où l’on aurait pu encore éviter de s’engouffrer dans l’impasse climatique. Ce réchauffement dont on craint tant les conséquences de l’accélération aujourd’hui.