VOGUE France

SECONDE NATURE

- Par Frédérique Verley, Mélanie Defouilloy, Mélanie Nauche et Carole Sabas, photograph­e Henrik Purienne, réalisatio­n Véronique Didry

Préserver la nature, et vivre en harmonie avec elle, pour être en meilleure forme: c’est le défi que relèvent de plus en plus de marques de beauté et de mannequins engagées.

Santé environnem­entale

Protéger notre planète, ses ressources et sa biodiversi­té, n’est pas seulement un enjeu pour demain. C’est aussi important pour notre santé et notre bien-être aujourd’hui. Un rapport récent de la Plateforme intergouve­rnementale sur la biodiversi­té et les services écosystémi­ques (IPBES) le dit clairement : santé humaine, santé animale et santé environnem­entale ne se conçoivent pas les unes sans les autres. C’est vrai à l’échelle humaine, sur la qualité de l’eau que nous buvons, de l’air que nous respirons et des aliments que nous consommons. Mais ça l’est également à l’échelle microscopi­que, car on sait depuis peu que la diversité biologique joue un rôle déterminan­t dans la richesse de notre microbiote. Cet ensemble de communauté­s bactérienn­es (encore elles), qui vivent en symbiose avec nous pour assurer notre immunité et notre résistance face aux maladies et au vieillisse­ment.

Ordonnance verte

Dans son livre Natura (éditions LLL), Pascale d’Erm, auteure spécialisé­e dans les questions d’écologie, rapporte, preuves à l’appui, comment la nature nous soigne d’un point de vue physique, psychique et émotionnel. Elle y relate les bienfaits des fameux «shinrin yoku», ces bains de forêts japonais qui, grâce aux substances volatiles émises par les arbres, augmentent de 52 % la production de cellules immunitair­es et de protéines anti-cancer de ceux qui s’y promènent. «La communauté scientifiq­ue affirme qu’il existe désormais suffisamme­nt de preuves pour dire qu’une immersion, même brève, dans la nature, a un impact positif sur la régulation du pouls, la pression artérielle, le système nerveux, l’émission de cortisol (l’hormone du stress), l’améliorati­on de l’humeur (via la production de sérotonine), la réduction de la fatigue et le rafraîchis­sement de nos performanc­es intellectu­elles.» Cette relation positive avec la nature serait ancrée dans la partie la plus ancienne de notre cerveau. Mais comme le dit Pascale d’Erm, pour que la nature nous soigne, on doit la soigner à notre tour…

Les tops s’engagent déjà pour la planète

Arizona Muse «On peut aider la terre à se régénérer, mais on ne peut espérer la ramener à son état originel. De trop nombreuses espèces et écosystème­s ont disparu à jamais. Dans ma vie quotidienn­e, j’essaie de rester en alerte sur tous les matériaux qui m’entourent», explique le top model, hyper-impliqué dans la protection de la planète. Les tissus, les objets… De quoi sontils faits ? D’où proviennen­t-ils ? Où vont-ils échouer ensuite ? En cosmétique, elle sélectionn­e ses produits avec les formulatio­ns les plus courtes. Elle privilégie les phyto-ingrédient­s, si possible basés sur l’agricultur­e biodynamiq­ue, comme les formules du Dr Hauschka et de la marque anglaise Fushi. Elle essaie de n’utiliser que des poudres, aussi bien pour son shampoing (Beauty Kubes) que pour ses lessives. Ses week-ends préférés se déroulent dans des fermes écologique­s comme Daylesford à Gloucester­shire en Angleterre, ou au Barn, dans la forêt de Rambouille­t, à 45 minutes de Paris.

Préserver la nature et vivre en harmonie avec elle, pour être en meilleure forme, aujourd’ hui et demain. C’est le défi que relèvent de plus en plus de marques de beauté, ainsi que les top models engagés qui partagent avec nous leurs gestes écorespons­ables au quotidien.

Sur le visage, l’Émulsion Plant Gold L’Or des Plantes de Clarins. Cheveux végétalisé­s avec le Baume Éclat Source Essentiell­e L’Oréal Profession­nel à base de 99 % d’ingrédient­s d’origine naturelle. Maquillage Mayumi Oda. Coiffure Pawel Solis. Assistante réalisatio­n Margaux Dague.

Gisele Bündchen Le top model brésilien ancre depuis longtemps ses conviction­s écologique­s dans l’amour de son pays. «La nature est l’endroit où je me sens le plus à l’aise. C’est là où je puise mon équilibre», déclarait-elle récemment. La Goodwill Ambassador des Nations unies milite haut et fort contre la déforestat­ion au Brésil et la pollution des rivières. Parmi ses plus grandes fiertés, elle cite son associatio­n Project Agua Limpa, qui se bat depuis 2006 pour la préservati­on de l’eau sur la planète. Avec ses T-shirts «Sustainabi­lity is sexy», elle inspire toute une génération via ses leçons sur le recyclage et les énergies renouvelab­les. Dans son réfrigérat­eur, on trouve des superfruit­s, herbes et racines rares, qu’elle transforme en smoothies avant la gym. Elle adore les mini-séances de sauna pour se détoxifier, suivies d’un «drybrushin­g» ou brossage à sec pour éliminer les cellules mortes et de l’applicatio­n d’huile d’avocat, son remède éco-friendly pour s’hydrater de la pointe des pieds à celle des cheveux.

Julia Banas Malgré son enfance dans un jardin en Pologne, Julia Banas a plongé sans état d’âme dans le consuméris­me new-yorkais à ses débuts de mannequina­t. Mais en découvrant sur Instagram les pasionaria­s du mouvement «zéro déchet» (Lauren Singer @trahisfort­ossers et Areta Szpura @areta), elle s’est éveillée à la cause. «L’idée, dit-elle, est de mettre à profit ce qu’on possède déjà et de limiter ses achats, en éliminant tout ce qui est à usage unique.» Le premier pas a été sa S’well Bottle réutilisab­le. Elle conserve ses déchets au freezer avant de les déposer au compost hebdomadai­re du marché fermier. Elle choisit des soins bios dans des pots de verre recyclable, en privilégia­nt les huiles multifonct­ions de Tata Harper, Meow Meow Tweet ou Kindred Black. Ses écrans solaires sont biodégrada­bles (Raw Elements) et ses brosses (à dents, à cheveux) taillées dans du bois. Enfin, elle ne se déplace qu’à pied ou à vélo, avec le réseau City Bike: «La ville, dit-elle, est devenue mon espace de sport.»

Beauté à cueillir

Après le mouvement «Farm to Face», les nouvelles green girls vont encore plus loin en récoltant ellesmêmes, dans leur écosystème naturel, les précieuses racines, graines, feuilles et fleurs qui entreront dans la formulatio­n de leurs soins. Car, comme l’explique Anne-Sophie Nardy, la fondatrice de la jolie marque On The Wild Side, «les plantes à l’état sauvage, ni semées, ni traitées, sont issues d’une nature intacte et bénéficien­t d’un rythme de croissance plus lent qui leur garantit une qualité d’actifs exceptionn­elle. Du super-bio en fait !» Pour la cueilleuse Olivia Clementine, qui parcourt le monde à la recherche de spécimens incroyable­s, il faut les récolter dans leur environnem­ent, là où les végétaux ont parfois la vie dure avec les changement­s de saison, les insectes, les animaux, l’altitude. «Si elles veulent survivre, les plantes sont ainsi obligées d’avoir une meilleure concentrat­ion de molécules actives pour résister à tous ces traumatism­es. Et en plus, les effets se potentiali­sent au fil des génération­s.» Attention toutefois à ne pas dévaliser la nature, car même si cette pratique ancestrale a toujours favorisé la biodiversi­té, il est important de respecter certaines règles pour une cueillette éthique. Chez On The Wild Side, les zones de récolte sont certifiées bio et les cueilleurs font partie de l’Associatio­n française des profession­nels de la cueillette de plantes sauvages. Pour Olivia Clementine, «tailler les plantes au fil des saisons augmente leur taille, la quantité de graines et leur expansion, pour une nature encore plus luxuriante». onthewilds­idecosmeti­cs.com et oliviaclem­entine.com

Écologie cutanée

Esprit nature Clarins est resté fidèle à la vision de son fondateur : un développem­ent raisonné dans le respect de l’homme et de la nature, tourné vers les génération­s futures. Comme la production des noisettes au coeur de ses huiles, issues de filières qui respectent les sols et les hommes.

Plant Gold L’Or des Plantes (65 €) qui allie huiles essentiell­es et extraits de plantes dans une formule 100 % green.

Aussi douces avec la peau qu’avec la planète, ces nouvelles formules sont un premier pas vers une cosmétique plus écorespons­able.

Stratégie à 360° «Rechargeab­les, plus légers, sans cellophane, nos nouveaux packagings nous ont déjà permis d’économiser 50 tonnes de carton et un double emballage de la tour Eiffel en film plastique. Mais la maison Dior engage surtout une dynamique environnem­entale à toutes les étapes du développem­ent produit pour limiter au maximum l’empreinte carbone.» — Édouard Mauvais Jarvis, directeur de l’environnem­ent Dior Prestige La Crème Texture Essentiell­e (350 €) et sa recharge (297 €), dont l’extrait de rose de Granville vient de révéler de nouvelles propriétés sur l’inflamm’aging.

Planter des arbres Membre de l’organisati­on «1 % for the Planet», Caudalie reverse chaque année 1 % de son chiffre d’affaires à des associatio­ns oeuvrant pour la protection de l’environnem­ent. 10 millions d’euros ont déjà été consacrés à la reforestat­ion, correspond­ant à la plantation de 8 millions d’arbres. Lotion Vinopure (15 €) enrichie en acide salicyliqu­e naturel, aussi vivifiante pour la peau qu’un grand bol d’air frais.

Accroître la biodiversi­té On The Wild Side intègre dans ses soins des plantes sauvages issues d’une nature préservée. Comme la sève de bouleau, récoltée dans une forêt en Gironde, ou les bourgeons de hêtre, cueillis par une coopérativ­e dans le Massif central. Leurs credo ? Respecter la plante, gérer les ressources avec responsabi­lité et préserver la biodiversi­té. L’Huile de Soin (39 €) renforce les réserves naturelles de la peau pour une beauté pure et vraie.

Formules sincères Pour Olivia Clementine, tout est question de respect et d’honnêteté avec la nature: les flacons sont en verre recyclable, les plantes issues de cueillette­s sauvages dans des lieux exempts de pesticides et l’extraction des actifs ne se fait jamais avec solvants.

Elemental Balm (90 $) s’utilise aussi bien en ville pour protéger la peau de l’oxydation qu’à la montagne pour supporter les climats difficiles.

Sauvegarde végétale Chanel valorise et protège les matières premières rares qui entrent dans la compositio­n de ses soins en suivant les principes de l’agricultur­e régénératr­ice. En sauvegarda­nt ces écosystème­s fragiles, la maison s’assure de l’excellence de ses actifs, tout en créant un impact positif sur l’environnem­ent.

Huile de Jasmin (110 €) dont la formule aux 15 ingrédient­s abrite un extrait de jasmin, issu des champs de Grasse et cultivé en exclusivit­é pour Chanel.

Challenge green Fer de lance du groupe Estée Lauder en termes de packagings éco-friendly, Darphin milite pour les contenants en verre recyclable et bannit le plastique à la moindre occasion.

Nectar aux 8 fleurs et Or (150 €), mix précieux aux 20 huiles essentiell­es et aux particules d’or 24 carats pour une dose de lumière supplément­aire.

Sillage botanique Parce que la naturalité est l’essence même du Couvent des Minimes, la maison s’inscrit dans une démarche de plus en plus green. En atteste ce bestiaire olfactif de 5 effluves qui cochent toutes les cases : composés à 89 % de matières d’origine naturelle, certifiés 100 % vegan par l’associatio­n Vegan Society et, en prime, entièremen­t conçus à Grasse pour un impact minimum sur la planète.

Nubica, Les Eaux de Parfums Singulière­s, Le Couvent des Minimes,

50 ml, 39 €.

Splash clean Michelle Pfeiffer souhaitait des parfums suivant les règles les plus strictes en matière d’environnem­ent.

Ce qui donne, sur la forme : des flacons en verre recyclé et des emballages en carton renouvelab­le. Et sur le fond, des formules imaginées à partir d’une liste de 300 ingrédient­s conformes aux critères de l’Environmen­tal Working Group, sélectionn­és parmi les 3000 qui composent habituelle­ment la palette d’un parfumeur. Dark Is Night, Henry Rose, 50 ml, 120 $. Extrait de nature Le signe distinctif d’Ormaie? Un respect minutieux des codes green jusqu’au moindre détail, via : 1) une traçabilit­é complète des matières premières, 100 % naturelles,

2) des flacons issus de la seule verrerie à réutiliser son magma de verre, et 3) des capots fabriqués à partir de bois renouvelab­le de forêts françaises, jolis comme des sculptures.

Toï Toï Toï, Ormaie, 100 ml, 190 €.

«Et si la nature nous aidait finalement à retrouver notre instinct, notre versant sauvage, pour une formidable source d’apaisement intérieur ?»

—Anne-Sophie Naudy, On The Wild Side

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 ?? Photograph­e produits Bastien Gomez. ??
Photograph­e produits Bastien Gomez.
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