HORS CADRE
Productrice indépendante, Marie-Ange Luciani est une militante du cinéma d’auteur qui n’aime rien tant que révéler les talents émergents. Conseillère, financière et parfois psy des réalisateurs, elle est notamment la femme de l’ombre derrière les 120 battements par minute de Robin Campillo, César 2018 du meilleur film. Une personnalité qui bluffe Virgine Efira.
Productrice indépendante, Marie-Ange Luciani est une militante du cinéma d’auteur qui n’aime rien tant que révéler les talents émergents. Conseillère, financière et parfois psy des réalisateurs, elle est notamment la femme de l’ombre derrière les 120 battements par minute de Robin Campillo, César 2018 du meilleur film. Une personnalité qui bluffe Virginie Efira.
Dans un secteur professionnel réputé encore très masculin, voire macho, elles sont quelques-unes à tenter l’aventure de la production, prenant la relève d’une génération de pionnières (Sylvie Pialat, Fabienne Vonier, Michèle Halberstadt…) et s’affrontant aux métamorphoses du cinéma pris dans la tourmente de la révolution numérique et de l’empire grandissant des géants d’Internet tels que Netflix, Amazon ou Apple. Marie-Ange Luciani a une quarantaine d’années et elle a dans ses bureaux des Films de Pierre (société créée par Pierre Bergé et qu’elle a rachetée) le César du meilleur film 2018 décroché par 120 battements par minute de Robin Campillo, fresque bouleversante sur les années Act Up à Paris en pleine épidémie du sida. Marina Foïs, Justine Triet, Adèle Haenel, Céline Sciamma sont quelques-unes de ces femmes puissantes avec lesquelles elle fait la fête mais échange aussi et milite pour faire bouger un cinéma encore loin d’être paritaire. Elle a prévenu avant de venir dans ce café parisien non loin de ses bureaux qu’elle n’aimait pas les interviews mais finalement, avec son débit speedé et énergique, elle parle pendant une heure de ce métier de productrice dont il ne fait aucun doute qu’elle l’adore.
En autodidacte
«J’ai grandi en Corse. Je viens d’une famille qui n’est pas du tout dans la culture, qui n’a pas été longtemps à l’école. Ma mère a arrêté en classe de 5e, mon père en 3e. Il a commencé comme apprenti dans des supermarchés et il est devenu chef d’entreprise sur le tard. Pendant longtemps, je vois beaucoup de films mais je n’ai pas vraiment les éléments pour faire la part entre les différents postes qui permettent à un film de se faire. J’ai dû me raconter à un moment que je pouvais être cinéaste car à 18 ans, j’ai tourné un petit court-métrage que je garde dans ma bibliothèque et que je projette en cercle restreint le soir très tard et très ivre (rires). Bon, j’ai compris que je n’avais pas de talent, pas celui-là en tout cas. Après le bac, j’ai fait des études de lettres à Aix puis à Paris, j’ai commencé une thèse mais je me suis arrêtée dès mon premier stage dans la boîte de distribution Ad Vitam. C’est à cette époque que j’ai rencontré le producteur Gilles Sandoz, qui était alors une des figures du cinéma français, producteur de Robert Guédiguian, Cédric Kahn, Pascal Ferran, un homme très cultivé et politisé, ancien prof de maths, qui me dit : «Viens travailler avec moi, je suis complètement dans la pampa, ma boîte va fermer mais j’en ouvre une autre et tu vas voir, on va être le duo de choc, je vais tout t’apprendre !»
Marina Foïs, Justine Triet, Adèle Haenel, Céline Sciamma sont quelques-unes de ces femmes puissantes avec lesquelles elle fait la fête mais échange aussi et milite pour faire bouger un cinéma encore loin d’être paritaire.