Gypsy queen
Les savants mélanges de la créatrice new-yorkaise font un tabac : sa mode Ulla Johnson qui importe broderies, bohème et exotisme sur le bitume de Big Apple est irrésistible. tout simplement
À New York, le style boho chic ferait presque figure d’atavisme. D’Anna Sui à Tory Burch, nombreuses sont les créatrices à avoir érigé le romantisme et la curiosité pour les autres cultures en principe de mode. Ulla Johnson est de cette trempe-là. Née et élevée à Manhattan, cette fille d’archéologue imagine depuis 2000 des collections ultra-féminines qui font le trait d’union entre le tailoring de Big Apple et les traditions textiles du monde entier où elle voyage depuis son plus jeune âge. Gwyneth Paltrow, Sienna Miller, Alicia Vikander sont fans de ses robes vaporeuses aux imprimés et broderies exclusives. Excentrique jusqu’au bout des bijoux victoriens vintage qu’elle adore porter en accumulation, Ulla Johnson est une vraie passionnée d’artisanat. Dans son studio de SoHo, cette blonde, mère de trois enfants, mélange les références, les couleurs, les motifs et les savoir-faire avec une jubilation communicative. Amoureuse des galeries d’art parisiennes, elle y puise souvent ses inspirations comme pour l’automne-hiver 2020, où l’exposition Charlotte Perriand (présentée à la fondation Louis Vuitton l’hiver dernier) sert de fil directeur à sa collection. Le concept d’«art de vivre» cher à l’architecte française se retrouve dans des vêtements à la fois fluides et construits, pensés comme des cocons à habiter. Pour la palette de couleurs, imaginez Francis Bacon en Afrique, soit un mix de tons bistre et violine très décadents associés aux tonalités chocolat ou verte du continent noir. Sans oublier bien entendu les imprimés et textures du monde entier : à savoir des popelines en batik javanais, du wax, du kanoko shibori en version serpent, du patchwork américain. Mais aussi des fleurs – l’autre passion d’Ulla Johnson – en crochet réalisées par des ateliers du Pérou et du Kenya et brodées sur des robes ou des pulls délicats. Une vision du multiculturalisme textile qui ne manque pas de panache – ni de modernité. À l’heure où le luxe réaffirme l’importance de l’artisanat, Ulla Johnson, elle, poursuit son ascension, sous le signe de la main, devenu son véritable porte-bonheur.