Une inégalité génétique
Elle est née en Iran «sans pénis» après un frère mort, alors que sa mère souhaitait exactement le même bébé que précédemment. Elle souffre de suffoquements, elle a «le mal de vie comme on a le mal de mer», et les divers médecins ont simplement oublié de diagnostiquer des symptômes asthmatiques. Elle a changé de pays, changé de langue, après la mort de son père, pour s’installer à Paris, après quelques détours. Dans Et ces êtres sans pénis, Chahdortt Djavann, l’autrice de
Bas les voiles, poursuit son investigation autobiographique à travers le sort des femmes bafouées en Iran aujourd’hui. Il y a l’épouse que son mari, homme politique influent, conseiller du président de la République, ancien ministre de l’Éducation, a tuée «accidentellement», il est bien ennuyé, explique-t-il au commissaire. Ou encore cette adolescente, mère enfant, obligée de fuir pour éviter la vindicte, et qui élève sa fille seule et découvre soudainement que ce qu’elle a vécu porte le nom de viol. Un récit fiévreux porté par une véhémence nécessaire. Et ces êtres sans pénis, de Chahdortt Djavann, éditions Grasset.